« C’est en un mot dans ce sentiment
naturel, plutôt que dans des arguments subtils, qu’il faut chercher la cause de
la répugnance que tout homme éprouverait à mal faire, même indépendamment des
maximes de l’éducation.
Quoiqu’il puisse appartenir à Socrate, et aux esprits de sa trempe, d’acquérir
de la vertu par raison, il y a longtemps que le genre humain ne serait plus, si
sa conservation n’eût dépendu que des raisonnements de ceux qui le composent »[1]. « Il est donc au fond des âmes un principe inné de justice et de
vertu, sur lequel, malgré nos propres maximes, nous jugeons nos actions et
celles d’autrui comme bonnes ou mauvaises, et c’est à ce principe que je donne
le nom de conscience (...) Les
actes de la conscience ne sont pas des jugements, mais des sentiments (...)
»[2]. « Dans
toutes les questions de morale difficiles comme celle-ci, je me suis toujours
bien trouvé de les résoudre par le dictamen de ma conscience, plutôt que par
les lumières de ma raison. Jamais l’instinct moral ne m’a trompé »
(Jean-Jacques Rousseau)[3].
« Thus the course of the argument leads us
to conclude, that since vice and virtue are not discoverable merely by reason,
or the comparison of ideas, it must
be by means of some impression or sentiment they occasion, that we are able to
mark the difference between them. Our decisions concerning moral
rectitude and depravity are evidently perceptions ; and as all perceptions are
either impressions or ideas, the exclusion of the one is a convincing argument
for the other. Morality, therefore,
is more properly felt than judg'd of (...) The rules of morality, therefore,
are not conclusions of our reason » (David Hume)[4].
« C’est
dans la pureté du cœur que s’enracine la moralité » (Gandhi)[5].
Le sentiment moraux sont la source de la moralité
L'être
humain partage avec les autres animaux des sentiments moraux et une propension
naturelle à la moralité[6],
c'est-à-dire un instinct altruiste, une capacité d'empathie, de compassion, un
sentiment naturel de pitié qui se traduit par « une répugnance innée à voir
souffrir son semblable ». L'idée des sentiments moraux comme source de la
moralité avait notamment été préfigurée par plusieurs philosophes dont
Jean-Jacques Rousseau[7],
David Hume[8],
Adam Smith[9] et
Arthur Shopenhauer[10].
Rousseau affirmait :
« Je ne crois pas avoir aucune
contradiction à craindre, en accordant à l'homme la seule vertu naturelle
qu'ait été forcé de reconnaître le détracteur le plus outré des vertus
humaines. Je parle de la pitié (...)
vertu d'autant plus universelle et d'autant plus utile à l'homme, qu'elle
précède en lui l'usage de toute réflexion, et si naturelle que les
bêtes mêmes en donnent quelquefois des signes sensibles (...) Tel est le pur mouvement de la nature,
antérieur à toute réflexion : telle est la force de la pitié naturelle que les
moeurs les plus dépravées ont encore peine à détruire (...) Mandeville a bien senti qu'avec toute
leur morale les hommes n'eussent jamais été que des monstres, si la nature ne
leur eût donné la pitié à l'appui de la raison ; mais il n'a pas vu que de
cette seule qualité découlent toutes les vertus sociales qu'il veut disputer
aux hommes (...) Il est donc bien certain que la pitié est un sentiment
naturel (…) C’est elle, qui nous porte sans réflexion au secours de ceux que
nous voyons souffrir : c’est elle qui, dans l’état de nature, tient lieu
de lois, de mœurs, et de vertu, avec cet avantage que nul n’est tenté de
désobéir à sa douce voix. C’est elle qui détournera tout sauvage robuste
d’enlever à un faible enfant, ou à un vieillard infirme, sa subsistance acquise
avec peine, si lui-même espère pouvoir trouver la sienne ailleurs (...) C’est en un mot dans ce sentiment
naturel, plutôt que dans des arguments subtils, qu’il faut chercher la cause de
la répugnance que tout homme éprouverait à mal faire, même indépendamment des
maximes de l’éducation. Quoiqu’il puisse appartenir à
Socrate, et aux esprits de sa trempe, d’acquérir de la vertu par raison, il y a
longtemps que le genre humain ne serait plus, si sa conservation n’eût dépendu
que des raisonnements de ceux qui le composent »[11].
« C’est la raison qui engendre
l’amour-propre, et c’est la réflexion qui le fortifie. C’est elle qui
replie l’homme sur lui-même; c’est elle qui le sépare de tout ce qui le gêne et
l’afflige : c’est la philosophie qui isole; c’est par elle qu’il dit en secret, à l’aspect d’un homme souffrant,
péris si tu veux, je suis en sûreté »[12].
D'ailleurs, Rousseau
soutenait que la règle d'or en éthique (« ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu'on te fasse à
toi-même ») n'a
de vrai fondement que les sentiments moraux (la conscience) et non la raison.
Il affirme :
« Le précepte même d’agir avec autrui
comme nous voulons qu’on agisse avec nous n’a de vrai fondement que la
conscience et le sentiment ; car où est la raison précise d'agir étant moi
comme si j'étais un autre, surtout quand je suis moralement sûr de ne jamais me
trouver dans le même cas ? et qui me répondra qu'en suivant bien
fidèlement cette maxime j'obtiendrai qu'on la suive de même avec moi ? Le
méchant tire avantage de la probité du juste et de sa propre injustice; il est
bien aise que tout le monde soit juste, excepté lui. Cet accord-là, quoi qu'on
en dise, n'est pas fort avantageux aux gens de bien »[13].
En somme, Rousseau affirmait :
« Il est donc au fond des âmes un principe
inné de justice et de vertu, sur lequel, malgré nos propres maximes, nous
jugeons nos actions et celles d’autrui comme bonnes ou mauvaises, et c’est à ce
principe que je donne le nom de conscience (...) Les actes de la conscience ne sont pas des
jugements, mais des sentiments (...) »[14].
« Dans toutes les questions de morale
difficiles comme celle-ci, je me suis toujours bien trouvé de les résoudre par
le dictamen de ma conscience, plutôt que par les lumières de ma raison. Jamais
l’instinct moral ne m’a trompé »[15].
NB
: Jean-Jacques Rousseau, considéré
par Arthur Schopenhauer comme le « plus grand des moralistes modernes »[16]
et par Emmanuel Kant comme le « Newton du monde moral »[17],
était reconnu pour sa très grande sensibilité. Le philosophe David Hume
le décrivait ainsi : « He has only felt
during the whole course of his life, and in this respect his sensibility rises
to a pitch beyond what I have seen any example of ; but it still gives him a
more acute feeling of pain than of pleasure. He is like a man who was stripped
not only of his clothes, but of his skin, and turned out in this situation to
combat with the rude and boisterous elements »[18].
Le
scientifique Charles Darwin affirmait également que notre volonté d’aider le
faible et le déshérité résultait de notre instinct de sympathie :
« With savages, the weak in body or mind are soon eliminated ; and
those that survive commonly exhibit a vigorous state of health. We civilized
men, on the other hand, do our utmost to check the process of elimination ;
we build asylums for the imbecile, the maimed, and the sick ; we institute poor-laws
; and our medical men exert their utmost skill to save the life of every one to
the last moment (...) The aid which
we feel impelled to give to the helpless is mainly an incidental result of the
instinct of sympathy, which was originally acquired as part of the social
instincts, but subsequently rendered (...) more tender and more widely
diffused. Nor could we check our sympathy, if so urged by hard reason, without
deterioration in the noblest part of our nature (...) If we were intentionally
to neglect the weak and helpless, it could only be for a contingent benefit,
with a certain and great present evil »[19].
Gandhi
affirmait également que « c’est dans la pureté du cœur que s’enracine la
moralité »[20]. Le
primatologue et éthologue Frans de Waal affirme également que l’empathie et la
sympathie sont les pilliers de la moralité :
« Humans and other animals have been endowed with a capacity for
genuine love, sympathy, and care—a fact that can and will one day be
fully reconciled with the idea that genetic self-promotion drives the
evolutionary process (...) Needless
to say, empathy and sympathy are pillars of human morality »[21].
Selon Paul
Bloom, professeur de psychologie morale à l'Université Yale, « certain
moral foundations are not acquired through learning »[22].
En effet, le sens moral, l'empathie
et la compassion, le sens de l'équité et le sens de la justice sont, selon lui,
innés[23].
En conséquence, nous naissons tous (exception faites des psychopathes) et à des
degrés divers avec un sens moral (“some capacity to distinguish
between kind and cruel actions”), de l'empathie et de la compassion (“suffering
at the pain of those around us and the wish to make this pain go away”), un sens de l'équité (“a
tendency to favor equal divisions of resources”) et un sens de la justice (“a
desire to see good actions rewarded and bad actions punished”)[24].
Dans un texte de CNN, Susan Chun résume :
« It is one of life's biggest questions: Are we born knowing
the difference between good and evil? Or are we taught our moral beliefs by
parents and society? Philosophers and
psychologists have long believed that babies are born "blank slates,"
and that it is the role of parents and society to teach babies the difference
between right and wrong; good and bad; mean and nice. But a growing number of researchers now believe differently. They
believe babies are in fact born with an innate sense of morality, and while
parents and society can help develop a belief system in babies, they don't
create one »[25].
Le
sens moral (la capacité rationnelle de distinguer le bien du mal) est
nécessaire, mais insuffisant à la moralité. Un être humain doué d'un sens moral
exemplaire (par exemple un professeur d'éthique), mais dénué de sentiments
moraux, c’est-à-dire de pitié, d'empathie et de compassion manquerait la
motivation d'agir moralement. Jean-Jacques Rousseau affirmait d’ailleurs que la
raison nous apprend à connaître le bien et le mal, mais que la conscience
(découlant des sentiments moraux) nous fait aimer l’un et haïr l’autre[26]. L'exemple
extrême qu’on peut donner est celui des psychopathes dénués d'empathie et de
compassion, mais parfaitement capables de discerner le bien du mal. Le
psychologue Robert D. Hare, spécialisé en psychopathie, définit le psychopathe
ainsi :
« Psychopaths are social predators who charm, manipulate,
and ruthlessly plow their way through life, leaving a broad trail of broken
hearts, shattered expectations, and empty wallets. Completely lacking in
conscience and in feelings for others, they selfishly take what they want and
do as they please, violating social norms and expectations without the slightest
sense of guilt or regret (...) These examples also illustrate a
frightful and perplexing theme that runs through the case histories of all
psychopaths: a deeply disturbing
inability to care about the pain and suffering experienced by others—in short,
a complete lack of empathy, the prerequisite for love (...) Many of the
characteristics displayed by psychopaths—especially their egocentricity, lack
of remorse, shallow emotions, and deceitfulness—are closely associated with a
profound lack of empathy (an inability to construct a mental and emotional
“facsimile” of another person). They seem unable to “get into the skin” or to
“walk in the shoes” of others, except in a purely intellectual sense. The
feelings of other people are of no concern to psychopaths (...) Psychopaths
view people as little more than objects to be used for their own gratification.
The weak and the vulnerable—whom they mock, rather than pity—are favorite
targets. “There is no such thing, in the psychopathic universe, as the merely
weak,” wrote psychologist Robert Rieber. “Whoever is weak is also a sucker;
that is, someone who demands to be exploited.”»[27].
« As I mentioned earlier, psychopaths
do meet current legal and psychiatric standards for sanity. They understand the rules of society and
the conventional meanings of right and wrong. They are capable of controlling
their behavior and realize the potential consequences of their acts. The
problem is that this knowledge frequently fails to deter them from antisocial
behavior »[28].
Paul Bloom donne
l'exemple des psychopathes afin d'illustrer l'insuffisance de la raison :
« People could not be moral without
the capacity to tell right from wrong. But if we want to explain where moral
actions come from— why we sometimes behave kindly and altruistically, instead
of cruelly and selfishly—this moral sense is not enough.
To see why,
imagine a perfect—perfectly rotten—psychopath. He is blessed with high
intelligence, good social skills, and some of the same motivations that normal
people possess, such as hunger, lust, and curiosity. But he lacks a normal
response to the suffering of others and is missing as well feelings such as
gratitude and shame. Because of some unhappy combination of genes, parenting,
and idiosyncratic personal experience, he is without moral sentiments.
Our
psychopath need not be a moral imbecile. He could
possess the simple capacities we talked about in the last chapter. Even as a baby
psychopath, he might prefer an individual who helps someone up a hill over
someone who pushes the character down. And as he grows up, he will learn the
rules and conventions of his society. Our
psychopath knows that it is “right” to rescue a lost child and “wrong” to
sexually assault a woman while she is unconscious. But he doesn’t feel any of
the associated moral emotions, so his appreciation of right and wrong is
similar to that of someone blind from birth who can state that grass is “green”
and that the sky is “blue”—factually correct knowledge without the usual
experiences that go with it.
Imagine
trying to convince your psychopath to be kind to other people. You might tell
him that he needs to repress selfish impulses for the sake of others. You could
throw some philosophy at him, presenting the view of utilitarian philosophers
that we should act to increase the sum total of human happiness, or going on
about Immanuel Kant’s categorical imperative, or John Rawls’s veil of
ignorance, or Adam Smith’s impartial spectator. You might try strategy that
parents often use with their children and ask him how he would feel if someone
behaved toward him as he often behaves toward others.
He could respond to all of this that he simply doesn’t
care about increasing the amount of human happiness
and has no interest in the categorical imperative, or any of the rest of it. He
appreciates the logical equivalence between him harming another individual and
another individual harming him—he’s not an idiot, after all. But, still, none of this motivates him to
treat people with kindness »[29].
L'exemple susmentionné du
psychopathe (que l'on pourrait sans difficulté imaginer comme un être
intellectuellement supérieur et doué en éthique, mais dans les faits
profondément immoral) démontre que, à part pour quelques personnes d'exceptions
telles que Socrate ou Emmanuel Kant pour qui l'éthique est une passion et a une
valeur intrinsèque, la raison est, par elle-même, impuissante à faire aimer le
bien et haïr le mal ou à rendre une personne morale. De plus, cet exemple
confirme les propos du philosophe David Hume qui affirmait
que la raison est instrumentale et l’esclave des passions (des sentiments) : « We
speak not strictly and philosophically when we talk of the combat of passion
and of reason. Reason is, and ought only to be the slave of the passions, and
can never pretend to any other office than to serve and obey them »[30]. Le philosophe Bertrand
Russell affirmait aussi :
« "Reason" has a perfectly clear
and precise meaning. It signifies the choice of the right means to an end that
you wish to achieve. It has nothing whatever to do with the choice of ends. But
opponents of reason do not realize this, and think that advocates of
rationality want reason to dictate ends as well as means. They have no excuse
for this view in the writings of rationalists. There is a famous sentence :
"Reason is and ought only to be, the slave of the passions". This
sentence does not come from comes from the works of Rousseau or Dostoevsky or
Sartre. It comes from David Hume. It expresses a view to which I, like every
man who attempts to be reasonable, fully subscribe. When I am told, as I
frequently am, that I "almost entirely discount the part played by the
emotions in human affairs", I wonder what motive-force the critic supposes
me to regard as dominant. Desires, emotions, passions (you can choose whichever
word you will), are the only possible causes of action. Reason is not a cause of
action but only a regulator »[31].
Le philosophe Noam
Chomsky affirmait également :
«
If you have read serious social science journals or foreign policy journals
over the last few years, you have seen that it is very common to counterpose
the "emotional approach" of certain people with the "rational
response" of others. For example, the people who worry about the slaughter
of peasant populations-these people are overcome by emotion. On the other hand,
those who talk about arranging inputs to realize a certain outcome are
"reasonable" commentators. This is an interesting development, the
counterposing of emotion to reason, because it departs significantly from the
Western intellectual tradition. For example, David Hume wrote that "reason
is and ought to be the slave of the passions". And Russell, commenting on
the observation, noted that every reasonable man subscribes to this dictum. He
surely would be an "unreasonable" commentator by the standards of
today. Reason is concerned with the
choice of the right means to an end that you wish to achieve, taking emotional
and moral factors into consideration. Unfortunately, too many modern
technocrats, who often pose as scientists and scholars, are really divorcing
themselves from traditional science and scholarship and excluding themselves
from the company of reasonable persons in the name of a kind of reason that is
perverted beyond recognition »[32].
Le professeur Jonathan
Haidt, psychologue social et professeur d'éthique à l'Université de New York,
affirme :
« Now we know that emotions are not as
irrational (Frank, 1988), that reasoning is not as reliable (Kahneman &
Tversky, 1984), and that animals are not as amoral (de Waal. 1996) as we
thought in the 1970s. The time may be right, therefore, to take another look at
Hume's perverse thesis: that moral emotions and intuitions drive moral reasoning,
just as surely as a dog wags its tail »[33].
Benjamin
Franklin (l'un des pères fondateurs des États-Unis), affirmait que « l'un des
avantages d'être une "créature raisonnable" est qu'on peut trouver
une raison pour tout ce qu'on veut »[34].
Puisque la raison est
l'esclave des passions et des émotions alors la qualité morale de la raison (ou
d'un raisonnement) dépend de la qualité des sentiments moraux. Ainsi une
personne ayant peu d'empathie et de pitié aura tendance à être plus égoïste et
à employer sa raison à des fins égoïstes (jusqu'à justifier à l'extrême la vile
maxime des maîtres de l'espèce humaine formulée par Adam Smith : « tout pour
nous et rien pour les autres »[35])
alors qu'une personne avec beaucoup d'empathie et de pitié aura tendance à être
plus altruiste et à employer sa raison à des fins altruistes. Quoi qu'il en
soit, les gens ont tendance à considérer « raison »
et « éthique » comme étant indissociables en particulier depuis les écrits du
célèbre philosophe Émmanuel Kant. Or ceci est une erreur comme l'ont démontré
les philosophes David Hume et Arthur Schopenhauer. À ce sujet, le
philosophe Arthur Schopenhauer affirmait :
« Quant au titre de raisonnable,
au contraire, on l'a de tout temps accordé à l'homme qui ne se guide pas sur
des impressions de l'ordre intuitif, mais sur des pensées et des concepts, et qui
doit à cela un air de supériorité, de conséquence, de réflexion dans sa manière
de faire. Mais tout cela n'a rien à
voir avec la justice ni avec la charité. Au contraire, un homme peut avoir une
conduite fort raisonnable, donc réfléchie, circonspecte, conséquente, bien
ordonnée, méthodique, tout en suivant les maximes les plus égoïstes, les plus
injustes, enfin les plus perverses. Aussi personne avant Kant n'avait songé à
identifier une action juste, vertueuse, noble avec une action raisonnable
»[36].
Le
philosophe David Hume affirmait également :
«'Tis not contrary to
reason to prefer the destruction of the whole world to the scratching of my
finger. 'Tis not contrary to reason for me to chuse my total ruin, to prevent
the least uneasiness of an Indian or person wholly unknown to me. 'Tis
as little contrary to reason to prefer even my own acknowledg'd lesser good to
my greater, and have a more ardent affection for the former than the latter »[37].
En
conséquence, la « raison » ne nous permet pas de préférer une éthique altruiste
(par exemple « l'utilitarisme » où une personne doit considérer les intérêts de
toutes les personnes concernées avant de prendre une décision) à une éthique de
l'égoïsme (par exemple « l'éthique de l'égoïsme » où une personne ne tient
compte que de son intérêt personnel sans égard aux intérêts des autres
personnes concernées). Par exemple, la
philosophe Ayn Rand, que Noam Chomsky considère comme «
one of the most evil figures of modern intellectual history »[38], défendait une « éthique de
l'égoïsme »[39] (une éthique
rationnelle)[40]. Selon cette théorie éthique,
l'altruisme est le mal et est immoral[41].
Aux États-Unis son oeuvre majeure, « Atlas Shrugged », jouit d'une très grande
popularité et fut citée comme le livre le plus influent après la Bible.
L'ancien Président des États-Unis Ronald Reagan ainsi qu'Alan Greenspan étaient
connus pour leur admiration d'Ayn Rand, admiration que partage Paul Ryan.
Matthieu Ricard affirme :
« Ayn Rand
est certainement une curieuse énigme. Bien qu'elle ne soit que très peu connue
en Europe et dans le reste du monde, elle continue à avoir une influence
notable sur la société américaine. Dans le cadre d'un sondage d'opinion mené en
1991 par la bibliothèque du Congrès des États-Unis, son oeuvre majeure, Atlas
Shrugged, fut cité comme le livre le plus influent après la Bible. Le Président
Reagan ainsi qu'Alan Greenspan étaient connus pour leur admiration d'Ayn Rand,
admiration que partage Paul Ryan »[42].
En somme, une conviction morale peut être
parfaitement rationnelle sans être éthique. Personnellement, je
suis très fortement convaincu, comme l'on mentionné dans leurs écrits les
philosophes Rousseau, Hume, Smith, Schopenhauer et Gandhi, que l'éthique a
davantage avoir avec les « sentiments » qu'avec la « raison ». D'ailleurs, aucune
théorie éthique ne peut être prouvée (par la raison) et elles reposent toutes
pour leur fondement sur des intuitions morales (des sentiments). Aux fins du
présent texte, mentionnons seulement l'opinion du philosophe John Rawls (comme
représentant de la théorie éthique déontologique) et celle du philosophe J.J.C.
Smart (comme représentant de la théorie éthique utilitarisme). John Rawls
affirmait qu'une théorie de la justice est une « théorie des sentiments moraux
»[43].
J.J.C.
Smart affirmait aussi :
« No proof of
utilitarianism. A system of
normative ethics cannot be proved intellectually. Any such “proof” of
utilitarianism as was attempted by Bentham or Mill can be shown to be
fallacious. (Mill disclaimed the possibility of proof and spoke more
vaguely of “considerations capable of determining the intellect,” but he
presented an attempted proof nonetheless.) Sidgwick
and Moore were clearer on this point and saw that ethical principles cannot be
deduced from anything else. They appealed instead to intellectual intuition
(...) »[44].
Albert Camus affirmait
que la philosophie (l'usage de la raison) « peut servir à tout, même à changer les
meurtriers en juges »[45]. La
psychologue Denise Cummins donne plusieurs exemples de mésusage de la raison
détachée des sentiments moraux :
« Yet
sufficient evidence from the annals of human history plainly shows that reason,
untempered by empathy, is just as likely to lead to tyranny and genocide as it
is to lead to good judgment. When compassion and reason are decoupled, judgment
is not improved. Instead, the door is opened to inhumane practices.
Human history is replete with examples of principle-based atrocities.
The reasoning underlying genocide and "ethnic cleansing" seems
perfectly logical to people who subscribe to a twisted belief system—bring
about a "greater good" by "cleansing" the world of
"bad" people—but it's empathetically bankrupt. What drives and
sustains the suicide bomber ? The belief in the purity of his principles,
principles that require one to blind oneself to the suffering and carnage of
the innocents at his mercy.
It was the cold light of reason—based of course on false beliefs—that
gave us laws permitting slavery, burning human beings at the stake, and bear
baiting as a form of entertainment. It was empathy for the victim that ended
these practices. It is empathy that prevents a man from beating his wife when
the law in some countries fully permits (or even requires) him to do so. It is
empathy for the victim that brought us the Red Cross, Amnesty International,
and the scores of other humanitarian organizations that grace our world. It is empathy
that makes us want to rescue victims, and it is empathy that prevents us from
killing their tormenters—despite our rage and lust for retributive justice »[46].
Au procès de Nuremberg de
1945-1946 (procès des chefs nazis responsables de l'holocauste), le psychologue
Gustav M. Gilbert concluait que le mal est l'absence d'empathie :
« “I told you once
that I was searching for the nature of evil. I think I’ve come close to
defining it: a lack of empathy. It’s the one characteristic that connects all
the defendants: a genuine incapacity to feel with their fellow man. Evil, I think, is the absence of empathy”
»[47].
La raison n'a pas empêché
Martin Heidegger, l'un des plus grands philosophes du 20e siècle,
d'être membre du parti nazi en Allemagne et de participer à l'un des plus
grands maux qu'a connus l'humanité[48]. Comme l'affirme le philosophe Peter
Singer :
« Philosophers are human beings and they are subject
to all the preconceptions of the society to which they belong. Sometimes they succeed
in breaking free of the prevailing ideology : more often they become its most
sophisticated defenders »[49].
Thomas Jefferson, père
fondateur des États-Unis, 3e président des États-Unis et auteur
principal de la Déclaration de
l'indépendance de 1776, affirmait également que les sentiments moraux (l'empathie
et la compassion), et non la science ou la raison, étaient la source de la
moralité. Selon lui, ces sentiments moraux constituaient le « sens moral », un
sens de la même nature que par exemple la vue ou l'ouïe, que tous les êtres
humains possèdent à des degrés divers. Par conséquent, il était d'avis que de
suivre des cours ou des conférences portant sur la philosophie morale (servant
à perfectionner la raison) était une perte de temps. Étant entendu n'y a pas de
raison de croire que la nature a conféré au professeur d'éthique un sens moral
plus grand qu'au laboureur, il était d'opinion qu'un laboureur était
susceptible d'avoir un meilleur jugement moral qu'un professeur d'éthique, car
contrairement au professeur d'éthique, le laboureur n'est pas restreint dans son
jugement moral par des règles artificielles (produits de la raison). Il
affirmait :
« Morals were too
essential to the happiness of man to be risked on the incertain combinations of
the head. She laid their foundation therefore in sentiment, not in science »[50].
« Moral Philosophy. I think it lost
time to attend lectures on this branch. He who made us would have been a
pitiful bungler, if he had made the rules of our moral conduct a matter of
science. For one man of science, there are thousands who are not. What would
have become of them? Man was destined for society. His
morality, therefore, was to be formed to this object. He was endowed with a sense of right and wrong, merely relative to
this. This sense is as much a part of his nature, as the sense of hearing, seeing, feeling; it is
the true foundation of morality, and not the to kalon [beautiful], truth, &c.,
as fanciful writers have imagined. The moral sense, or conscience, is as much a
part of man as his leg or arm. It is given to all human beings in a stronger or
weaker degree, as force of members is given them in a greater or less degree.
It may be strengthened by exercise, as
may any particular limb of the body. This
sense is submitted, indeed, in some degree, to the guidance of reason; but it
is a small stock which is required for this: even a less one than what we call
common sense. State a moral case to a ploughman and a professor. The former
will decide it as well, & often better than the latter, because he has not
been led astray by artificial rules. In this branch, therefore, read good books, because
they will encourage, as well as direct your feelings. The writings of Sterne,
particularly, form the best course of morality that ever was written. Besides
these, read the books mentioned in the enclosed paper; and, above all things,
lose no occasion of exercising your dispositions to be grateful, to be
generous, to be charitable, to be humane, to be true, just, firm, orderly,
courageous, &c. Consider every act of this kind, as an exercise which will
strengthen your moral faculties & increase your worth »[51].
L'affirmation
de Jefferson, selon laquelle un laboureur est susceptible d'avoir un meilleur
jugement moral qu'un professeur d'éthique, rejoint également l'idée qu'il
n'existe pas d'expert en éthique[52],
car en ce domaine nous sommes nos propres experts. En effet, Jean-Jacques Rousseau
affirmait que «
la conscience est le plus éclairé des
philosophes »[53],
« le meilleur de tous les casuistes »[54] et le « juge infaillible du bien et du
mal »[55].
Il ajoute :
« Il est donc au fond des âmes un principe
inné de justice et de vertu, sur lequel, malgré nos propres maximes, nous
jugeons nos actions et celles d’autrui comme bonnes ou mauvaises, et c’est à ce
principe que je donne le nom de conscience (...) Les actes de la conscience ne sont pas des jugements, mais des
sentiments. Quoique toutes nos idées nous viennent du dehors, les
sentiments qui les apprécient sont au dedans de nous, et c’est par eux seuls
que nous connaissons la convenance ou disconvenance qui existe entre nous et
les choses que nous devons respecter ou fuir »[56].
« Dans toutes les questions de morale
difficiles comme celle-ci, je me suis toujours bien trouvé de les résoudre par
le dictamen de ma conscience, plutôt que par les lumières de ma raison. Jamais
l’instinct moral ne m’a trompé »[57].
Le fait que les sentiments moraux
(pitié, empathie, compassion) soient la source de la moralité et, à mon avis
prioritaires, ne signifie pas que la raison ne soit pas importante en éthique[58].
Au contraire, elle est importante pour former un bon jugement moral et
particulièrement utile pour corriger un jugement moral fondé notamment
sur des préjugés, des stérotypes ou sur des idées préconçues ou irrationnelles.
Cependant, en l'absence de capacité d'éprouver de la pitié, de l'empathie ou de
la compassion, la raison, qui est l'esclave des passions, risque de servir des
passions destructrices. Elle sera également impuissante, à elle seule, à forcer
une personne à agir moralement. Le philosophe Hans Jonas affirmait :
« L'éthique a une face
objective et une face subjective, dont l'une a affaire à la raison et l'autre
au sentiment. Historiquement c'est tantôt l'une, tantôt l'autre qui se trouvait
davantage au centre de la théorie éthique [...] Mais les deux faces sont mutuellement
complémentaires et l'une et l'autre sont des parties intégrantes de l'éthique
comme telle. Si nous n'étions pas [...] réceptifs à l'appel de l'obligation grâce à un
sentiment qui lui répond, même la preuve la plus contraignante de son droit [...] serait pourtant
impuissante à transformer en force motivante ce qui est prouvé »[59].
Généralement
la personne qui agi de façon immorale, n'est pas immorale en raison de son
incapacité à discerner le bien et le mal ou par manque de connaissance en éthique,
mais par manque de sentiments moraux (c'est-à-dire par manque de pitié,
d'empathie, de compassion). En effet, aucun criminel, ou scélérat ou aucune
personne peu scrupuleuse ne prétendrait, sauf par rationalisation a posteriori, ne pas savoir par exemple
que le meurtre, le viol, le vol, la fraude, la violence sur toutes ses formes,
le harcèlement, l’exploitation des personnes faibles et vulnérables ou
l’intimidation est mal. Comme l'affirme la Cour suprême du Canada, « un enfant de sept ans peut connaître la différence entre le
«bien» et le «mal» au sens
moral »[60].
De plus, au Canada, une personne de 12 ans est présumée avoir la capacité
pénale et être responsable criminellement de ces actes[61].
Ce serait également absurde de prétendre qu'une personne puisse oublier
les notions du bien et du mal. À ce sujet, le philosophe Gilbert Ryle affirme :
« 'Don't you know the difference between right and
wrong ?' 'Well, I did learn it once, but I have forgotten it'. This is a
ridiculous thing to say »[62].
Le manque de sentiments moraux (d'empathie) est un
problème de société
Le manque d'empathie semble être un problème
généralisé et donc un problème de société. En effet, selon une métaanalyse
publiée en 2011 et portant sur les années 1979 à 2009, les étudiants
d'université américaines sont 40% moins empathiques que les étudiants des
cohortes d'il y a 20 ou 30 ans[63].
Ceci n'est pas étonnant. En effet, au cours de cette même période, le narcissisme
chez les étudiants, qui est corrélé négativement avec l'empathie[64],
a augmenté de manière significative[65].
Le DSM V définit le trouble de
personnalité narcissique ainsi : « A pervasive pattern of grandiosity (in
fantasy or behavior), need for admiration, and lack of empathy »[66].
L'égocentrisme est également une caractéristique des personnes narcissiques[67].
Selon Jean M. Twenge, professeure de
psychologie à San Diego State University, l'épidémie de narcissisme aurait
commencé dans les années 70[68]. Selon elle, la cause principale de cette montée de
narcissisme, dont
l'arrivée des "selfies" en est un symptôme patent[69], est la culture américaine d'estime de soi dans laquelle
les parents insistent pour renforcer l'estime de soi de leurs enfants
convaincus que l'estime de soi est un ingrédient nécessaire au succès :
«
By
comparing decades of personality test results, Dr. Twenge has concluded, over
and over again, that younger generations are increasingly entitled,
self-obsessed and unprepared for the realities of adult life.
And the
blame, she says, falls squarely on America’s culture of self-esteem, in which
parents praise every child as “special,” and feelings of self-worth are
considered a prerequisite to success, rather than a result of it.
“There’s a
common perception that self-esteem is key to success, but it turns out it
isn’t,” she said. Nonetheless, “young people are just completely convinced that
in order to succeed they have to believe in themselves or go all the way to
being narcissistic.” »[70].
La montée de narcissisme est inquiétante, car
ce trait de personnalité entraîne une perte d'empathie (de sentiments moraux)
et est corrélé avec la psychopathie et le machiavélisme et forme avec ceux-ci
ce que les psychologues appellent la « triade noire » de la personnalité[71].
La montée du narcissisme n'explique
probablement pas à elle seule cette perte d'empathie et de sentiments moraux
que les psychologues observent. Il n'est pas invraisemblable de penser que,
dans la société "insensible" dans laquelle on vit, le processus de socialisation
force les enfants (surtout les garçons) à se désensibiliser afin d'être acceptés
par leurs pairs et pouvoir faire partie du groupe. En conséquence, seule une
partie d'entre eux préservent leur empathie jusqu'à l'âge adulte. À ce sujet, la
psychologue Linda Kreger Silverman affirme :
« It is clear that not all gifted
individuals reach adulthood with their sensitivity intact. It takes great
courage to experience the depth of one's emotions in an insensitive society.
Some gifted children who show profound emotional and moral sensitivity in their
early years seem to lose these capacities somewhere along the way. Lovecky
(1994) writes :
To continue with the generous,
compassionate and altruistic responses of early childhood places many gifted
boys at considerable risk for peer rejection and ridicule. They are too
vulnerable this way, so they often conceal the moral side of themselves behind
the same invulnerability modeled for them by others ; that is, they wall off
and deny compassionate responses to others.
Dabrowski (1979/1994) found morally and emotionally
advanced adults gentle, delicate, nonagressive, likely to withdraw rather than
retaliate, "heroic" in their sensitivity. He felt that because of
their sensitivity and integrity, these individuals are capable of bringing
humanity to a higher set of values, but that they are at great risk of being
destroyed by society because of their inherent differences »[72].
La psychologue Deirdre V. Lovecky
affirme également :
« Problems with empathy and compassion
Not everyone grows up
to act in moral ways. Even gifted children who appear to have early concerns
about others, the environment, pollution, war and peace, and issues of fairness
and justice do not all grow up to be exceptionally sensitive to moral issues.
Roeper discussed how
gifted children’s sense of justice and ethics can be lost through an
overemphasis on conformity. When conformity rules the world in which gifted
children live, they often respond by creating a subculture of beating the system,
getting around the rules, and manipulating. They start to do things for personal
gain and learn that “might makes right.” Anyone who thinks differently is seen
as an idealist, someone not to be taken seriously (Roeper 1995b). Since most
gifted children are pressured to conform, they become sensitized to the expectations
of society to be less idealistic, less altruistic, and less ethical, and over time
show less moral awareness. Those children who conform less to societal expectations,
the ones who do not suffer fools gladly, retain more moral awareness through
adolescence.
The need to conform starts at birth, but is kept at
bay for many gifted children until they reach formal schooling. Then, the
process of lowering expectations, doing things as peers do, and using popular
pastimes to ensure social success can also decrease moral sensitivity. This can
be the case even among those gifted children who were exceptionally
compassionate or sensitive to injustice in early childhood. Silverman (1994)
described one boy who was extremely sensitive to injustice but became
“desensitized” after he entered school.
My own earlier observations with gifted children
(Lovecky 1994c) suggested that many young gifted boys, even as they worry about
the environment and show concern for homelessness, poverty, and war become,
nevertheless, fascinated with violence. As they compete with age peers and
become immersed in peer culture, especially media-driven pastimes, these boys
begin to see violence as an acceptable solution to interpersonal conflict. This
can have a number of different ramifications, including loss of previously held
ideals about justice and caring »[73].
Il n'est pas non plus invraisemblable de
penser que la structure de la société dans laquelle on vit (incluant ses normes
et ses institutions) encourage les types de personnalités agressives caractérisées
par un manque d'empathie (psychopathie, machiavélisme et narcissisme). En
effet, selon le psychologue Robert D. Hare, spécialisé en psychopathie, «
society is moving in the direction of permitting, reinforcing, and in some
instances actually valuing some of the traits listed in the Psychopathy
Checklist - traits such as impulsivity, irresponsibility, lack of remorse, and
so on »[74].
Il ajoute :
« What is clear is that society is making it a lot easier for
psychopathy or psychopathic behaviour to flourish (...) The moral ethical standards that we have now are
shifting. What is acceptable now would not have been acceptable five or 10 or
20 years ago (...) I won't even watch
Dexter. In a sense what they are doing is glorifying, glamorizing and making
normal what is really abnormal. All these programs like CSI and the hundreds of
others »[75].
Par
exemple, sur le marché du travail, « l'agréabilité » (« Agreeableness »)[76],
comme trait de personnalité, est corrélé négativement avec le revenu[77].
En d'autres termes, les personnes qui sont gentilles, empathiques,
compatissantes, altruistes, modestes, prosociales et coopératives sont
généralement moins bien payées[78]
et ont, par conséquent, moins de succès sur le marché du travail (étant entendu
que le salaire est la principale mesure objective du succès sur le marché du
travail)[79].
À l'inverse, pour les hommes (mais pas pour les femmes)[80],
la « désagréabilité » paie[81].
Par exemple, les hommes qui ont une personnalité narcissique ou machiavélique
(la triade noire) sont favorisés[82].
Un trop grand degré de « désagréabilité » peut être associé à la psychopathie[83].
Or même les « psychopathes », qui sont
par définition dénués de toute conscience
morale[84], ont
généralement beaucoup de succès sur le marché du travail[85]
bien que, comme le mentionnent les auteurs Paul Babiak et al., leur succès
relève davantage du style ou de la forme (à savoir leur habileté à charmer, à
manipuler et à tromper) que de la substance (leur performance)[86].
Le professeur de psychologie à l'Université
d'Oxford, Kevin Dutton, compare la psychopathie à une exposition aux rayons de
soleil et suggère ainsi que la psychopathie (l'absence de conscience morale[87])
à faible dose peut être bénéfique sur le marché du travail[88].
Il affirme :
« Yet psychopathy, as the Devil and his flamboyant London protégé
just hinted, can also be good for us, at least in moderation (...) Psychopathy
is like sunlight. Overexposure can hasten one’s demise in grotesque,
carcinogenic fashion. But regulated exposure at controlled and optimal levels
can have a significant positive impact on well-being and quality of life »[89].
Dits autrement, les gens qui sont dépourvus de conscience morale auraient de
sages leçons à nous apprendre[90]. Or selon Martha Stout,
psychologiste à Harvard, M. Dutton fait erreur et confond le narcissisme (qui
peut être bénéfique à une certaine dose) avec la psychopathie (qui est toujours
nuisible et destructrice). Elle affirme :
« If Dutton
had titled his book “The Wisdom of Narcissists” he might have made a more
credible case: psychologists largely agree that human beings need a certain
amount of “normal” narcissism to be healthy. But narcissism varies by degree.
The emotional black hole of consciencelessness does not (...) As a professional
who has spent decades studying the bleak disorder of consciencelessness, I can
say with a fair degree of certainty that there is no wisdom in psychopathy.
There is only an irredeemable emptiness that should not and cannot be served up
in “doses."»[91].
En fait, selon le psychologue Robert Joseph Smith, le
psychopathe (qui n'a aucune conscience morale) serait mieux adapté que la
personne sensible, empathique et douée d'une grande conscience morale à la
culture dans laquelle on vit :
« In a situation where individualism is
trump, the psychopath is powerfully equipped to survive, if not always to
succeed. That is, if the operational basis of the culture requires projecting a
good image while watching out for oneself, if it encourages pursuit of material
pleasure and the marchandizing of people, then far from being a mask of sanity
or a moral imbecile, the psychopath
is the reasonable one and those of us who are trusting, reliable, and
empathetic are out of phase with reality »[92].
Ce qui fait dire à Charles Derber, professeur de
sociologie à l'Université de Boston, que les États-Unis sont devenus ou sur le
point de devenir une société « sociopathe ». Il affirme :
« My argument in this book is that the
United States, with a long history of sociopathic institutions and practices,
is now evolving toward a full-blown sociopathic society. We still have a
chance to change course. But our
society is increasingly structured to turn people and institutions toward
sociopathic behavior that harms other individuals and entire societies, including
our own (...)
Sociopathy is antisocial behavior by an
individual or institution that typically advances self-interest, such as making
money, while harming others and attacking the fabric of society. In a
sociopathic society, sociopathic behavior, both by individuals and
institutions, is the outcome of dominant social values and power arrangements.
A sociopathic society, paradoxically, creates dominant social norms that are
antisocial—that is, norms that assault the well-being and survival of much of
the population and undermine the social bonds and sustainable environmental
conditions essential to any form of social order. This reign of antisocial
social norms is crucial to my definition of sociopathic society. Like an autoimmune disease, such antisocial
societal programming leads to behavior that weakens and can, in the most
extreme scenario, kill the society itself.
Sociopathic behavior, whether practiced by
individuals or institutions, can be physically violent, but more often it is
not. An example from the corporate world is when the CEOs of Goldman Sachs,
Bank of America, AIG, and other bailed-out Wall Street giants in the Great
Recession increased their own compensation after driving their banks and much
of America into a ditch. One defining mark of a sociopathic society is that
most sociopathic behavior is perfectly legal and conforms to social norms and
expectations. As a codification of antisocial norms, the law itself becomes
sociopathic in the most full-blown sociopathic societies.
Sociopathic people often have narcissistic,
competitive, and antisocial personalities, but, in contrast to what psychological theories tell us, this can be
the outcome of the hardwiring of sociopathic society. Sociopathic personalities
may be embracing the reigning societal values rather than rejecting them. In
a sociopathic society, narcissists and antisocial individuals—one might
think of O. J. Simpson, Donald Trump, Lance Armstrong, or Bernie Madoff—can appear
entirely normal, since they often are pillars of the community and know how
to succeed under existing rules of the game. Many of them are political
leaders, CEOs of major corporations, high military officers, or high-ranking
church clergy.
Sociopathic institutions rule the landscape
of sociopathic society. These can be economic (corporations such as Enron),
political (a self-serving Congress of millionaires), or military (a detention
center such as Guantanamo), but they all advance institutional self-interest by
harming others and undermining society.
The witty documentary film and best-selling
book The Corporation, written by law professor Joel Bakan, makes the point
tellingly by imagining the corporation as a patient on the couch being
diagnosed by a psychiatrist. The psychiatrist goes through a checklist of
symptoms evidenced by his patient—insatiable greed, self-preoccupation, power
lust, willingness to harm others without remorse, pursuit of profit at the
expense of communities and the whole society. The behavior is sociopathic, but
it is embedded in the corporate law and power arrangements that make up the
“corporate patient”
on the couch. The patient is programmed such
that it cannot act differently. Bakan writes that the corporation is
“pathological”;
it is singularly self-interested and unable
to feel genuine concern for others in any context . . . deliberately
programmed, indeed legally compelled, to externalize costs without regard for
the harm it may cause to people, communities, and the natural environment.
Every cost it can unload onto someone else is a benefit to itself, a direct
route to profit.
The problem here is not a rotten apple—such
as Enron or its corporate accountant, Arthur Anderson—but a rotten barrel. The
media portrayed Enron as a rotten apple spoiled by bad leaders. Bakan’s point,
though, is that Enron was acting as the corporate system requires, much like
the other leading financial firms, as became evident in the Wall Street meltdown
of 2008. Bank of America, Goldman Sachs, J. P. Morgan Chase, Countrywide, Washington
Mutual, and AIG—all programmed to maximize short-term profit—carried out
unethical, destructive behavior, whether predatory loans or issuing toxic
financial instruments that they secretly bet would fail. The problem is not a
few bad leaders but a corporate DNA placing profits over people and chartered
by a larger sociopathic economic system (the barrel) »[93].
Il est vraisemblable que la très grande
permissivité de la société dans laquelle on vit favorise également ce genre de
personnalités qui n'ont peu ou pas d'inhibition (peu ou pas de
"self-restraint") et de conscience morale (d'empathie). Voici le
raisonnement : selon le psychologue George K. Simon, expert international des
troubles de la personnalité (dont la manipulation), la personnalité d'une
personne "normale" se situe sur un continuum entre deux extrêmes, à
savoir entre deux troubles de la personnalité : entre les « neurotics » ou
névrosés (qui sont des personnes très sensibles, inhibées, souffrant d'anxiété
et de peurs, de culpabilité et de remords et qui ont une conscience morale très
forte) et les « character-disordered personalities » (qui sont des personnes
souvent insensibles, qui ont peu d'inhibition, qui n'ont pas de culpabilité ou
de remord et une conscience morale trop faible)[94].
Il n'y a pas si longtemps, à une époque très
répressive, la névrose était un véritable problème de société. En effet, les
théories de la personnalité freudienne considéraient que tout le monde était à
un certain degré névrosé (donc inhibé). Ces théories ont été développées à une
époque très répressive[95].
À cette époque, il n'était pas surprenant de constater une prévalence élevée de
névrose dans la population. En revanche, de nos jours, la société est beaucoup
plus permissive (pensons au recul des religions, au relâchement des moeurs, à la
libération sexuelle, à l'individualisme, aux chartes des droits et libertés, au
néolibéralisme, etc.). En conséquence, les psychologues sont davantage appelés
à traiter des personnes souffrant non pas d'une trop grande inhibition (névrose),
mais souffrant d'un manque d'inhibition ou de "self-restraint" (« character-disordered
personalities »)[96].
Or ces « character-disordered personalities » qui manquent d'inhibition sont
généralement des personnalités agressives (qui ont des gros "égo",
désirent gagner à tout prix, dominer, exploiter les autres, qui n'ont pas peur
des sanctions, qui n'éprouvent pas de sentiment de culpabilité et d’empathie et
qui refusent "non" comme réponse). Pour la société, ces «
character-disordered personalities » sont beaucoup plus dangereux que les
névrosés. George K. Simon explique :
« In a civilized society the
character-disordered individuals are more problematic then neurotics. Neurotics
mainly cause problems for themselves because they let their excessive and
unwarranted fears stifle their own success. Contrarily, character-disordered
personalities, unencumbered by qualms of conscience, passionately pursue their
personal goals with indifference to, and often at the expense of, the rights
and needs of others. Now, of all the personality types, submissive
personalities are among the most neurotic and agressive personalities are among
the most character-disordered »[97].
Parmi ces personnalités agressives, on retrouve
le psychopathe, le machiavélisme, le narcissisme, le sociopathe, le manipulateur,
etc.
Or dans une entrevue intitulée « The heroism of
sensitivity » et réalisée en 1994 par Zbigniew
Bierzanaski (ci-après ZB), le psychologue et psychiatre et ancien professeur en
psychologie à l'Université Laval, Kazimierz Dabrowski (ci-après KD), affirmait que
malheureusement ce ne sont pas les personnes sensibles, empathiques, douées
d'une forte conscience morale, d'une grande capacité d'introspection, très
créatives[98]
voire peut-être inhibées ou névrosées qui sont considérées comme des modèles
pour la société, mais plutôt les psychopathes et semi-psychopathes (égocentriques,
insensibles, sans empathie, sans conscience morale, asociaux et souvent
antisociaux, doués d'une intelligence instrumentale au service de leurs
instincts primitifs, incapables d'introspection, sans aucune créativité, doué
d'un faible potentiel de développement[99]) parce
qu'ils sont forts, n'ont aucune considération pour autrui et n'ont aucune
inhibition. Il affirmait :
« ZB : As a reformer, you are fighting for a
chance for the "oppressed". Who are the oppressed you have in mind ?
KD : They are the ones who are not shrewd, who
are rather delicate, who aren't able to fight for their own interests, who
aren't pushy or demanding, but who are industrious, have deep feelings, are
often wise though unsophisticated. I think about those who don't press their
claims, who aren't vulgar or aggressive, and who often suffer.
I have in mind another group of people too : neurotics
and psychoneurotics, those who aren't mentally ill but are gentle, emotionally
quite sensitive, who are never brutal but are often inhibited, who take things
deeply into their hearts, and who withdraw into themselves rather than
retaliate. I consider these people to be humiliated and harmed because nobody
takes care of them, or, if anyone does, it is only because these unfortunates are
deemed overexcitable, eccentrics, and without resources. Not fending for
oneself isn't necessarily a sign of lack of intelligence or ability to
function, but very often is a sign of sensitivity and gentleness, which lead to
the inability to contend with anybody about anything.
The correlation between the highly talented and
psychoneurosis and neurosis is very high. Almost 97 percent of the highly
creative suffer from different kinds of overexcitabilities, neuroses, and
psychoneurosis. So, neurotics and psychoneurotics are a mine of social
treasure. If their emotionality, talents, interests, and sensitivity were
discovered at an early age, society and science would profit. Meanwhile, under
the influence of psychopaths, and the so-called "statistically
normal" people eager to emulate the apparent efficiency of psychopaths,
the sensitive and creative are put aside.
(...)
KD : And here those sensitive
individuals I referred to could help us. Who are they ? They are the ones who
can't indifferently pass by human misery, humiliation, harm, sickness, loneliness,
inhumanity, and barbarism (...)
ZB : But these people are put aside,
destroyed...
Not all of them. Some have such strong
developmental potential that they won't allow themselves to submit to a low
(animalistic) value system. Someone with such potential, encompassing all human
dynamisms, empathy, and responsibility, would rather die than accept life in a
brutal, primitive world. It is to those that we need to look for the repair of
the world. But those individuals need to be gathered
together ; they are rather isolated.
(...) It is
not these sensitive ones that become models for society, but rather the
psychopaths and semi-psychopaths, because they are strong, they don't consider
others, and they don't have any inhibitions »[100].
La solution :
les parents doivent cultiver les sentiments moraux chez leur enfant
Selon le psychiatre
Kazimierz Dabrowski, un développement de la personnalité caractérisé par une
pauvreté émotionnelle et un manque d'empathie conduit une personne proche de la
psychopathie. Il affirme :
« An example of one-sided development, with
emotional poverty and, at the same time, with an excess of cleverness and
adjustment. Such one-sided development brings an individual close to a type of
psychopathy. However such individuals are usually, in everyday life, taken as p
symbols of health, though, on the contrary, they lack the symptoms of
many-sided development and show emotional primitiveness and absence of
authentic attitudes toward others »[101].
Cultiver la sensibilité morale chez un enfant en lui
offrant un lien d’attachement sécure et la disponibilité émotionnelle et
l’empathie qu'il a besoin pour developer adéquatement sa conscience morale est
essentielle à son éducation morale, car comme le mentionne Rousseau « l’attrait de la vie
domestique est le meilleur contre-poison des mauvaises mœurs ».
Le psychologue Ross A. Thompson affirme :
« Conscience development is influenced by
temperament (especially the growth of effortful control) and the quality of the
parent–child relationship. The development of warm, responsive
relationships with caregivers is believed to motivate young children to respond
cooperatively and positively to the caregivers’ socialization initiatives. This conclusion is consistent with
attachment theory, which argues that secure attachments are important for early
socialization and the development of sensitivity to others’ feelings. In
several studies, measures of this mutually responsive relationship—including
assessments of maternal responsiveness and shared positive affect between
parent and child—have been found to predict multiple measures of conscience
throughout the preschool years and into middle childhood. A secure parent
–child attachment is also associated with enhanced conscience development (…) Young
children obviously have far to go in the development of ethical judgment,
compassion, and moral character. But the developmental achievements of early
childhood should not be overlooked as a basis for later achievements in moral
development »[102].
Cecci est particulièrement important pour les garçons.
En effet, selon le psychiatre Dr. Sebastian Kraemer, les garçons sont
biologiquement plus fragiles et vulnérables que les filles. Or il existe dans nos
sociétés modernes un stéréotype selon lequel les garçons sont plus résistants
et résilients que les filles. Il est d'avis que cette attitude ajoute à la
fragilité biologique déjà plus grande des garcons une fragilité sociale aggravant
ainsi leur situation. En conséquence, chez les garçons la formation d'un lien
d'attachement sécure et significatif est, en raison de ce stéréotype, plus
sujet que chez les filles à un manque de disponibilité émotionnelle et à
l'insensibilité des parents. Il affirme :
« The
human male is, on most measures, more vulnerable than the female. Part of the
explanation is the biological fragility of the male fetus, which is little
understood and not widely known. A typical attitude to boys is that they are,
or must be made, more resilient than girls. This adds “social insult to
biological injury.” (...) It is clear that the male is more vulnerable from the
beginning of life. Where caregivers assume that from birth a boy ought always
to be tougher than a girl, his inborn disadvantage will be amplified (...) The
data presented here have implications for the upbringing of boys. The more
developmental problems there are, the more sensitive care is required. Yet difficult babies often receive less good
care, precisely because they are more difficult to look after. Biological and social constraints work
together against the interests of the male. If parents were more aware of male
sensitivity, they might change the way they treat their sons (...) In boys the
formation of secure attachment to a caregiver is more subject than in girls to
parental unavailability, insensitivity, or depression »[103].
Si les observations du psychiatre Dr. Sebastian
Kraemer s’avèrent exactes, à savoir que chez les garcons la formation d'un lien
d'attachement sécure et significatif est plus sujet que chez les filles à un
manque de disponibilité émotionnelle et à l'insensibilité des parents alors ce
facteur joue clairement contre le développement moral des garçons. Bien sur, ce
facteur n’explique peut-être pas à lui seul la différence de moralité entre les
hommes et les femmes[104]
et le fait que les hommes sont en moyenne plus violents que les femmes. Cependant,
comme le mentionne le Dr. Kraemer, si les parents étaient plus conscients de la
sensibilité des garçons, de leur fragilité et de leur vulnérabilité biologique
et qu’ils changeaient leur attitude et la manière de les traiter en leur
donnant davantage l’affection, la tendresse et la disponibilité émotionnelle
qu’ils ont besoin pour developer adéquatement leur conscience morale sans
chercher à répondre aux stérotypes de la société et à l’archétype sociétal de
l’homme insensible, alors on pourrait certainement espérer poindre à l’horizon
un changement important de société.
Évidemment, pour arriver à cultiver la sensibilité
morale chez leur enfant, les parents doivent avant tout la cultiver en
eux-mêmes afin de de devenir des modèles pour leur enfant. En effet, dans une
étude de 2015, les auteurs Jason M. Cowell et
Jean Decety de l’Université de Chicago sont d’avis que la sensibilité morale
des parents (l’empathie et la justice) influence le développement moral de leur
enfant :
«
Parents: Do you want to raise
a child with a strong sense of right and wrong? You might want to start by
cultivating your own morality—as well as your own empathy. A new study from the University of Chicago suggests that
parents’ sensitivity to both other people’s feelings and to injustice may
influence early moral development in their children »[105].
Éric
Folot
[1] Jean-Jacques
Rousseau, Discours sur l’origine et les
fondements de l’inégalité parmi les hommes, Paris, Éditions Gallimard, 1965
aux pp.74-77.
[3] Jean-Jacques Rousseau, Les rêveries du promeneur solitaire,
Éditions Flammarion, Paris, 1964 à la p.80.
[4]
David Hume, Hume's
Treatise of Morals: And Selections from the Treatise of the Passions, vol.1, Ginn & Company, 1893 aux pp.102, 115-116.
[5] Gandhi, Tous les hommes sont frères : vie et
pensées du Mahatma Gandhi d’après ses œuvres, Éditions Gallimard,
Commission Française pour l’UNESCO, 1969 à la p.276.
[6] Frans de
Waal, "Morality and the social instincts : continuity with the other
primates", The Tanner lectures of human values, Princeton University,
November 19-20, 2003 à la p.32.
[7] Jean-Jacques
Rousseau, Discours sur l’origine et les
fondements de l’inégalité parmi les hommes, Paris, Éditions Gallimard, 1965
aux pp.74-77.
[8] David Hume, Hume's Treatise of
Morals: And Selections from the Treatise of the Passions, vol.1, Book III, Part I, section I, Ginn & Company,
1893 aux pp.100-.
[9] Adam Smith
affirme : « How selfish soever man may be supposed, there are evidently some
principles in his nature, which interest him in the fortune of others, and
render their happiness necessary to him, though he derives nothing from it
except the pleasure of seeing it. Of this kind is pity or compassion, the
emotion which we feel for the misery of others, when we either see it, or are
made to conceive it in a very lively manner. That we often derive sorrow from
the sorrow of others, is a matter of fact too obvious to require any instances
to prove it; for this sentiment, like all the other original passions of human
nature, is by no means confined to the virtuous and humane, though they perhaps
may feel it with the most exquisite sensibility. The greatest ruffian, the most
hardened violator of the laws of society, is not altogether without it » :
Adam Smith, The theory of moral sentiments,
Cambridge, Cambridge University Press, 2002 part I, section I, chap.I, para.1.
[10] Selon Arthur
Schopenhauer, la pitié est « l'unique source des actions moralement bonnes » :
Arthur Schopenhauer, Le fondement de la
morale, trad. par A. Burdeau, Paris, Aubier-Montaigne, 1978 aux pp.119 et
147.
[11] Jean-Jacques
Rousseau, Discours sur l’origine et les
fondements de l’inégalité parmi les hommes, Paris, Éditions Gallimard, 1965
aux pp.74-77.
[12] Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de
l’inégalité parmi les hommes, Éditions Gallimard, 1965 à la p.76.
[14] Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation,
Garnier-Flammarion, Paris, 1966 aux pp.376-377.
[15] Jean-Jacques Rousseau, Les rêveries du promeneur solitaire,
Éditions Flammarion, Paris, 1964 à la p.80.
[16] Arthur
Schopenhauer, Le Fondement de la morale,
trad. par A. Burdeau, Aubier-Montaigne, 1978 à la p.162.
[17] Emmanuel
Kant, Leçons d'éthique, trad. par Luc
Langlois, Paris, Librairie générale française, 1997 à la p.14 ; Eric Volant, Des morales : crises et impératifs,
Montréal, Les Éditions Paulines, 1985 à la p.104.
[18] David Hume, « To the
Rev. Hugh Blair » in The Letters of David Hume: 1766-1776, vol. II, ed. J.Y.T. Greig, Oxford University Press, 2011 à la p.29 ; Bertrand Russell, The
History of Western philosophy, New York, Simon and Schuster, 1945 à la
p.691.
[19] Charles
Darwin, The descent of man, and selection
in relation to sex, vol.1, New York, D. Appleton and company, 1872 aux
pp.161-162.
[20] Gandhi, Tous les hommes sont frères : vie et
pensées du Mahatma Gandhi d’après ses œuvres, Éditions Gallimard,
Commission Française pour l’UNESCO, 1969 à la p.276.
Cambridge,
Harvard University Press, 1996 à la p.5.
[24] Paul Bloom affirme : « Our natural
endowments include: • a moral sense—some capacity to distinguish between kind
and cruel actions • empathy and compassion—suffering at the pain of those
around us and the wish to make this pain go away • a rudimentary sense of
fairness—a tendency to favor equal divisions of resources • a rudimentary sense
of justice—a desire to see good actions rewarded and bad actions punished. Our
innate goodness is limited, however (...) » : Paul Bloom, Just Babies: The
Origins of Good and Evil, New York, Crown
publisher, 2013.
[25] Susan Chun, «
Are we born with a moral core? The baby lab says 'Yes' » (February 14, 2014),
en ligne : http://www.cnn.com/2014/02/12/us/baby-lab-morals-ac360/
[27] Robert D.
Hare, Without Conscience: The Disturbing
World of the Psychopaths Among Us, Guilford Press, 1999 aux pp.xi, 6 et
49-50.
[28] Robert D.
Hare, Without Conscience: The Disturbing
World of the Psychopaths Among Us, Guilford Press, 1999 à la p.143.
[30] David Hume, Hume's Treatise of
Morals: And Selections from the Treatise of the Passions, vol.1, Ginn & Company, 1893 à la p.89.
[31] Bertrand
Russell, Human society in ethics and
politics, London, George Allen & Unwin Ltd, 1954.
[33] Jonathan Haidt, « The
emotional dog and its rational tail : a social intuitionist approach to moral
judgment » (2001) 108:4 Psychological Review
814 à la p.830, en ligne : http://www3.nd.edu/~wcarbona/Haidt
2001.pdf
[34] Peter
Singer, Questions d'éthique pratique,
trad. par Max Marcuzzi, Paris, Bayard Éditions, 1997 à la p.77. “man is a
rationalizing animal – that he attempts to appear rational, both to others and
to himself” : Elliot Aronson, Dissonance Theory: Progress and Problems, in Theories of Cognitive Consistency
(1968), pp 5-6 ; Jonathan Haidt, « The emotional dog and its rational tail : a
social intuitionist approach to moral judgment » (2001) 108:4 Psychological Review 814 à la
p.823, en ligne : http://www3.nd.edu/~wcarbona/Haidt
2001.pdf
[35] Adam Smith, Recherches sur la nature et les causes de la
richesse des nations, trad. par Germain Garnier, t.1, Paris, Flammarion,
1991 à la p.506 (III, IV). Voir aussi Noam Chomsky, Profit over people : neoliberalism and global order, New York,
Seven Stories Press, 1999 à la p.52 ; Noam Chomsky, The prosperous few and the restless many, Berkeley, Odonian Press,
1993 à la p.70.
[36] Arthur
Schopenhauer, Le fondement de la morale,
trad. par A. Burdeau, Paris, Aubier-Montaigne, 1978 à la p.50.
[37] David Hume, Hume's Treatise of
Morals: And Selections from the Treatise of the Passions, vol.1, Ginn & Company, 1893 aux pp.89-90.
[38] Alison Flood, « Ayn Rand
fan spells out appreciation in world's largest book ad » (August 23, 2010), The Guardian, en ligne : https://www.theguardian.com/books/2010/aug/23/ayn-rand-world-largest-book-ad
[39] « ethical
egoism (rational self-interest) » : Stanford Encyclopedia of philosophy, « Ayn
Rand », en ligne : https://plato.stanford.edu/entries/ayn-rand/
[40] Le philosophe J. B.
Schneewind affirmait au sujet de la philosophie d'Henry Sidgwick: « It finds ethical egoism as reasonable as
utilitarianism » : J. B. Schneewind, « Sidgwick and the Cambridge
moralists » in Bart Schultz, Essays on Henry Sidgwick, Cambridge University Press, 2002 à la p.94.
[41] Matthieu Ricard, "Le bon modèle pour une grande
nation?" (28 octobre 2012), en ligne : http://www.matthieuricard.org/blog/posts/le-bon-modele-pour-une-grande-nation. Voir aussi Mike Wallace interviews
Ayn Rand (1959) (full interview) (voir de 5 min. 20s à 5 min. 50s), en ligne : https://www.youtube.com/watch?v=HKd0ToQD00o
[42] Matthieu Ricard, "Le bon modèle pour une grande
nation?" (28 octobre 2012), en ligne : http://www.matthieuricard.org/blog/posts/le-bon-modele-pour-une-grande-nation. Voir aussi Del Jones, "
Scandals lead execs to 'Atlas Shrugged'", USA Today, en ligne : http://usatoday30.usatoday.com/money/companies/management/2002-09-23-ayn-rand_x.htm
[43] John
Rawls, Théorie de la justice, trad.
par Catherine Audard, Paris, Éditions du Seuil, 1997 à la p.75 (chap.9).
[44] J.J.C. Smart, «
Utilitarianism » in Encyclopedia of
philosophy, 2nd edition à la p.606, en ligne : https://www.uta.edu/philosophy/faculty/burgess-jackson/Smart,
Utilitarianism (1967).pdf . Voir aussi Thomas Nagel, « You can't
learn about morality from brain scans : the problem with moral psychology »
(November 1, 2013) New Republic, en ligne : https://newrepublic.com/article/115279/joshua-greenes-moral-tribes-reviewed-thomas-nagel
[45] Albert
Camus, L'homme révolté, Paris,
Éditions Gallimard, 1951 à la p.13. Voir aussi Thomas de Koninck, De la dignité humaine, Paris, P.U.F.,
1995 aux pp.1-2.
[46] Denise Cummins,
« Why Paul Bloom is wrong about empathy and morality » (october 20, 2013), en
ligne : https://www.psychologytoday.com/blog/good-thinking/201310/why-paul-bloom-is-wrong-about-empathy-and-morality
[47] Ernest Partridge, « Evil as the absence of empathy » (July 26, 2008), en
ligne : http://dissidentvoice.org/2008/07/evil-as-the-absence-of-empathy/. Sur ce sujet, voir Simon Baron-Cohen, The Science of
Evil: On Empathy and the Origins of Cruelty, Basic Books, 2013 ; Clint Witchalls, « Why a lack of
empathy is the root of all evil » (April 4, 2011), en ligne : http://www.independent.co.uk/life-style/health-and-families/features/why-a-lack-of-empathy-is-the-root-of-all-evil-6279239.html
[48] Michael Inwood,
« Martin Heidegger : the philosopher who fell for Hitler » (April 12, 2014) The
Telegraph, en ligne : http://www.telegraph.co.uk/culture/books/10739165/Martin-Heidegger-the-philosopher-who-fell-for-Hitler.html
[49] Peter
Singer, « Animal liberation : all animals are equal » in Louis P. Pojman, The moral life : an introductory reader in
ethics and literature, 2nd ed., Oxford, Oxford University Press,
2004 à la p.871.
[50] Thomas
Jefferson, « From Thomas Jefferson to Maria Cosway », october 12, 1786, en
ligne : http://founders.archives.gov/documents/Jefferson/01-10-02-0309
[51] Thomas
Jefferson, « Letter to Peter Carr », August 10, 1787, en ligne : http://www.stephenjaygould.org/ctrl/jefferson_carr.html
[52] « Moral
problems are everybody's business » : Cheryl N. Noble and al., « Ethics and
experts » (1982) 12:3 The Hasting center report 7 à la p.7.
[55] Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation,
Garnier-Flammarion, Paris, 1966 aux pp.378-379.
[56] Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation,
Garnier-Flammarion, Paris, 1966 aux pp.376-377.
[57] Jean-Jacques Rousseau, Les rêveries du promeneur solitaire,
Éditions Flammarion, Paris, 1964 à la p.80.
[58] Thomas
Jefferson, « Letter to Peter Carr », August 10, 1787, en ligne : http://www.stephenjaygould.org/ctrl/jefferson_carr.html ; Hans Jonas, Le principe responsabilité, trad. par Jean Greisch, Manchecourt,
Les Éditions du Cerf, 1998 à la p.169 ; Denise Cummins, « Why Paul Bloom
is wrong about empathy and morality » (october 20, 2013), en ligne : https://www.psychologytoday.com/blog/good-thinking/201310/why-paul-bloom-is-wrong-about-empathy-and-morality
[59] Hans Jonas, Le principe responsabilité, trad. par
Jean Greisch, Manchecourt, Les Éditions du Cerf, 1998 à la p.169 ; Denise
Cummins, « Why Paul Bloom is wrong about empathy and morality » (october 20,
2013), en ligne : https://www.psychologytoday.com/blog/good-thinking/201310/why-paul-bloom-is-wrong-about-empathy-and-morality
[60] Schwartz c. R., [1977] 1 RCS
673.
[61] Article
13 du Code criminel. Voir aussi R. c. Chaulk, [1990] 3 RCS 1303.
[62] Gilbert
Ryle, “On Forgetting the Difference Between Right and Wrong,” in Collected Essays Vol. 2, London, Routledge, 2009, Originally published in A. I. Melden, ed., Essays in Moral Philosophy, Seattle, University
of Washington Press.
[63] Sara H. Konrath, Edward
H. O'Brien and Courtney Hsing, « Changes in dispositional empathy in American
College Students over time : a meta-analysis » (2011) 15:2 Personality and Social Psychology Review 180 en ligne : http://faculty.chicagobooth.edu/eob/edobrien_empathyPSPR.pdf ; Voir
aussi « Empathy : College students don't have as much as they used to » (May
27, 2010), en ligne : http://ns.umich.edu/new/releases/7724-empathy-college-students-don-t-have-as-much-as-they-used-to ;
Jamil Zaki, « What, me care ? Young are less empathetic » (January 1, 2011) Scientific American, en ligne : http://www.scientificamerican.com/article/what-me-care/
[64] Voir « Narcissistic
Personality Disorder » 301.81 (F60.81) dans American psychiatric Association, Diagnostic and statistical manual of mental
disorders (DSM V), Fifth Edition, 2015 aux pp.669-.
[65] Jean M. Twenge, Sara
Konrath et al., « Egos inflating over time : a cross-temporal Meta-analysis of
the narcissistic personality inventory » (2008) 76:4 Journal of
Personality 875, en ligne : http://www.joshuadfoster.com/twengekonrathfoster2008ajop.pdf .
[66] Voir « Narcissistic
Personality Disorder » 301.81 (F60.81) dans American psychiatric Association, Diagnostic and statistical manual of mental
disorders (DSM V), Fifth Edition, 2015 à la p.669.
[67] Delroy L. Paulhus and
Daniel N. Jones, « Differentiating the dark triad within the interpersonal
circumplex » in L. M. Horowitz & S. Strack, Handbook of interpersonal psychology : theory, research, assessment,
and therapeutic interventions, New York, Willey & Sons, 2011 aux
pp.249-, en ligne : http://www2.psych.ubc.ca/~dpaulhus/research/DARK_TRIAD/CHAPTERS/Jones&Paulhus_2011_SITAR_
chapter.pdf
[68] Jean M. Twenge and W. Keith
Campbell, The
Narcissism Epidemic: Living in the Age of Entitlement, Simon and Schuster, 2010 à la p.57.
[69] Cheryl
Wetzstein, « Male 'selfies' linked to vanity : research finds men who post more
self-portraits are more narcissistic » (January 7, 2015), en ligne : http://www.washingtontimes.com/news/2015/jan/7/male-selfies-linked-to-vanity/
[70] Douglas Quenqua, «
Seeing narcissists eveywhere » (August 5, 2013) The New York Time, en ligne : http://www.nytimes.com/2013/08/06/science/seeing-narcissists-everywhere.html?pagewanted=all
[71] Delroy L.
Paulhus and Kevin M. Williams, « The dark triad of personality : narcissism,
machiavellianism, and psychopathy » (2002) 36 Journal
of Research in Personality 556, en ligne : http://members.shaw.ca/ssucur/materials/02_selected_notes/06_tempest/03_PaulhusWilliams.pdf
[72] Linda Kreger Silverman, « Inside-out : understanding the social and
emotional needs of gifted children » (november 26, 2005) à la p.11, The
Institute for the study of advanced development : gifted development
center/visual-spatial resource, en ligne : http://www.pegy.org.uk/Inside-Out
PEGY pdf.pdf
[73] Deirdre V. Lovecky, Different Minds : gifted children with
AD/HD, Asperger Syndrome, and other learning deficits, London, Jessica Kingsley Publishers, 2004 aux
pp.380-381.
[74] Robert D.
Hare, Without Conscience: The Disturbing
World of the Psychopaths Among Us, Guilford Press, 1999 à la p.177. Voir
aussi Kevin Dutton, The Wisdom of Psychopaths : What Saints,
Spies, and Serial Killers Can Teach Us About Success, Farrar, Straus and
Giroux, 2012.
[75] The Vancouver
Sun, « Society encourages psychopaths : expert » (April 2, 2008), en ligne : http://www.canada.com/vancouversun/news/story.html?id=a19bc454-4d01-4262-bdf8-5141618483b9
[76] « Agreeableness is usually defined as a behavioural
disposition that contrasts a prosocial, communal orientation towards others
with an antagonistic attitude. However, some of the best markers of
agreeableness refer to emotional dispositions towards other people (e.g., ‘affectionate’,
‘soft-hearted’ versus ‘cold’; John and Srivastava 1999); and empirically,
agreeableness has been found to correlate negatively with trait anger
(agreeable people are less anger-prone; e.g., Kuppens 2005) and positively
with the tendency to experience empathic emotions (i.e., emotional reactions to
the fate of others; Del Barrio, Aluja and García 2004). In addition, agreeable persons
seem to try harder than non-agreeable persons to control the expression of
negative emotions » : Rainer Reisenzein and Hannelore Weber, «
Personality and emotion » (chapter 4, part I) in Philip J. Corr and Gerald
Matthews, ed., The Cambridge Handbook of
personality psychology, Cambridge, Cambridge University Press, 2009 à la p.60. Voir aussi Timothy A. Judge, Beth
A. Livingston and Charlice Hurst, « Do nice guys, and gals, really finish last
? The joint effects of sex and agreeableness on income » (2012) 102:2 Journal of personality and social psychology
390 à la p.391.
[77] Timothy A. Judge, Beth A. Livingston and
Charlice Hurst, « Do nice guys, and gals, really finish last ? The joint
effects of sex and agreeableness on income » (2012) 102:2 Journal of personality and social psychology
390 ; Daniel Spurk and Andrea E. Abele, « Who earns more and why ? A multiple
mediation model from personality to salary » (2011) 26:1 Journal of business
and psychology 87- ; Thomas W. H. NG and al., « Predictors of objective and
subjective career success : a meta-analysis » (2005) 58:2 Personnel Psychology
367.
[78] Richard Allen Greene, «
Nice guys earn less, study finds » (August 31, 2011) CNN, en ligne : http://edition.cnn.com/2011/BUSINESS/08/16/money.and.meanness/ ; Big think editors, «
Nice guys earn less money » BigThink.com, en ligne : http://bigthink.com/ideafeed/nice-guys-earn-less-money
[79] « We will concentrate
here on individuals’ objective career success defined by annual salary because it is one of the most frequent
measures of objective success and because salary is one key facet in
occupational life » : Daniel Spurk
and Andrea E. Abele, « Who earns more and why ? A multiple mediation model from
personality to salary » (2011) 26:1 Journal of business and psychology 87 à la
p.87.
[80] Shannon Chapla, «
Research shows men get ahead for being "disagreeable" in the
workplace, women don't » (August 3, 2011), en ligne : https://news.nd.edu/news/25367-men-earn-a-premium-for-being-disagreeable-in-the-workplace-women-dont-says-new-research/
[81] « Overall, our
research provides strong evidence that men earn a substantial premium for being
disagreeable » : Timothy A. Judge, Beth A. Livingston and Charlice Hurst, «
Do nice guys, and gals, really finish last ? The joint effects of sex and
agreeableness on income » (2012) 102:2
Journal of personality and social psychology 390 à la p.404.
[82] « Results provided
support for the assumptions that narcissism and Machiavellianism are positively
related to objective career success (i.e., salary and status, respectively) » :
Daniel Spurk, Anita C. Keller and Andreas Hirschi, « Do bad guys get ahead or
fall behind ? Relationships of the dark triad of personality with objective and
subjective career success » (October 5, 2015) Social psychological and
personality science, en ligne : https://www.researchgate.net/profile/Daniel_Spurk/publication/281678953_Do_Bad_Guys_Get_Ahead_or_Fall_Behind_Relationships_of_the_Dark_Triad_of_Personality_With_Objective_and_Subjective_Career_Success/links/5613759508aea9fb51c2c98e.pdf
[83] Timothy A. Judge, Beth
A. Livingston and Charlice Hurst, « Do nice guys, and gals, really finish last
? The joint effects of sex and agreeableness on income » (2012) 102:2 Journal of personality and social psychology
390 à la p.391 ; Karen J. Derefinko, « Convergence and divergence among
self-report psychopathy measures : a personality-based approach » (2006) 20:3
Journal of personality disorders 261.
[84] « Psychopaths are social predators who charm,
manipulate, and ruthlessly plow their way through life, leaving a broad trail
of broken hearts, shattered expectations, and empty wallets. Completely
lacking in conscience and in feelings for others, they selfishly take what
they want and do as they please, violating social norms and expectations
without the slightest sense of guilt or regret Robert D. Hare, Without
Conscience: The Disturbing World of the Psychopaths Among Us, Guilford Press, 1999 aux pp.xi, 6 et 49-50. « Psychopathy
is a disorder of brain and behavior, the central characteristic of which is the
complete absence of conscience » : Martha Stout, « In praise of empty souls
: can we learn from psychopaths ? » (December 14, 2012) New Republic en ligne : https://newrepublic.com/article/111087/wisdom-of-psychopaths-kevin-dutton
[85] Paul Babiak and Robert
D. Hare, Snakes in suits : when
psychopaths go to work, Harper Collins,
2009 à la
p.x. Voir aussi Kevin Dutton, The Wisdom of Psychopaths : What Saints, Spies, and Serial
Killers Can Teach Us About Success, Farrar,
Straus and Giroux, 2012 ; Scott O. Lillienfeld and Ashley Watts, « Not all
psychopaths are criminal : some psychopathic traits are actually linked to
success » (January 26, 2016), en ligne : https://theconversation.com/not-all-psychopaths-are-criminals-some-psychopathic-traits-are-actually-linked-to-success-51282
[86] « Overall, the patterns of correlations and plots
suggest that psychopathy is more strongly associated with style than with
substance. Presumably, impression management and the ability to present well
can obscure or trump subpar performance and behaviors that are damaging to the
organization » : Paul
Babiak, Craig S. Neumann and Robert D. Hare, « Corporate psychopathy : talking
the walk » (2010) 28 Behavioral Sciences and the Law 174 à la p.192.
[87] Robert D. Hare, Without
Conscience: The Disturbing World of the Psychopaths Among Us, Guilford Press, 1999 aux pp.xi, 6 et 49-50. « Psychopathy
is a disorder of brain and behavior, the central characteristic of which is the
complete absence of conscience » : Martha Stout, « In praise of empty souls :
can we learn from psychopaths ? » (December 14, 2012) New Republic en ligne : https://newrepublic.com/article/111087/wisdom-of-psychopaths-kevin-dutton
[88] Martha Stout, « In
praise of empty souls : can we learn from psychopaths ? » (December 14, 2012) New Republic en ligne : https://newrepublic.com/article/111087/wisdom-of-psychopaths-kevin-dutton
[89] Kevin Dutton, The Wisdom of
Psychopaths : What Saints, Spies, and Serial Killers Can Teach Us About Success, Farrar, Straus and Giroux, 2012.
[90] Martha Stout, « In praise of empty souls :
can we learn from psychopaths ? » (December 14, 2012) New Republic en ligne : https://newrepublic.com/article/111087/wisdom-of-psychopaths-kevin-dutton
[91] Martha Stout, « In
praise of empty souls : can we learn from psychopaths ? » (December 14, 2012) New Republic en ligne : https://newrepublic.com/article/111087/wisdom-of-psychopaths-kevin-dutton
[93] Charles Derber, Sociopathic
Society: A People's Sociology of the United States, Paradigm Publishers, 2013 aux
pp.3-6.
[94] George K. Simon, In sheep's
clothing : understanding and dealing with manipulative people, Parkhurst Brothers, 2010 1996 à la p.16.
[95] George K. Simon, In sheep's
clothing : understanding and dealing with manipulative people, Parkhurst Brothers, 2010 1996 à la p.11.
[96] George K. Simon, In sheep's
clothing : understanding and dealing with manipulative people, Parkhurst Brothers, 2010 1996 à la p.11.
[97] George K. Simon, In sheep's
clothing : understanding and dealing with manipulative people, Parkhurst Brothers, 2010 1996 à la p.17.
[98] « The heroism of
sensitivity : an interview with Kazimierz Dabrowski » (January 1994) 6 Advanced
Development Journal aux pp.87-90, en ligne : http://positivedisintegration.com/Dabrowski1994.pdf ; Kazimierz Dabrowski, Positive
Desintegration, Boston, Little Brown and company, 1964 aux pp.80-81.
[99] « The heroism of
sensitivity : an interview with Kazimierz Dabrowski » (January 1994) 6 Advanced
Development Journal aux pp.87-90, en ligne : http://positivedisintegration.com/Dabrowski1994.pdf ; Kazimierz Dabrowski, Positive
Desintegration, Boston, Little Brown and company, 1964 aux pp.73-74, 80,
121-122.
[100] « The heroism of
sensitivity : an interview with Kazimierz Dabrowski » (January 1994) 6 Advanced
Development Journal aux pp.87-90, en ligne : http://positivedisintegration.com/Dabrowski1994.pdf
[102] Ross A.
Thompson, « Whither the preconventional child ? Toward a life-span moral
development theory » (2012) 6 :4 Child Development Perspectives 423, en ligne : https://www.researchgate.net/publication/261533333_Whither_the_Preconventional_Child_Toward_a_Life-Span_Moral_Development_Theory
[103] Sebastian
Kraemer, « The fragile man » (december 2000) 321 British Medical Journal 1609,
en ligne : http://www.sebastiankraemer.com/docs/Kraemer
the fragile male.pdf
[104] Les hommes
sont, selon Scientific American, en moyenne moins moral que les femmes : Cindi May, « When men are less moral
than women » (June 19, 2012) Scientific American, en ligne : http://www.scientificamerican.com/article/when-men-are-less-moral-than-woman/
[105] Jill Suttie, « How
parents influence early moral development » (September 29, 2015), en
ligne : http://greatergood.berkeley.edu/article/item/how_parents_influence_early_moral_development .
L’étude en question : Jason M. Cowell
and Jean Decety, « Precursors to morality in development as a complex interplay
between neural, socioenvironmental, and behavioral facets » (October 13, 2015)
112:41 Psychological and cognitive sciences 12657, en ligne :
http://www.pnas.org/content/112/41/12657.full.pdf