vendredi 14 avril 2017

Éloge de la sensibilité : les sentiments moraux d'abord, la raison ensuite

« C’est en un mot dans ce sentiment naturel, plutôt que dans des arguments subtils, qu’il faut chercher la cause de la répugnance que tout homme éprouverait à mal faire, même indépendamment des maximes de l’éducation. Quoiqu’il puisse appartenir à Socrate, et aux esprits de sa trempe, d’acquérir de la vertu par raison, il y a longtemps que le genre humain ne serait plus, si sa conservation n’eût dépendu que des raisonnements de ceux qui le composent »[1]. « Il est donc au fond des âmes un principe inné de justice et de vertu, sur lequel, malgré nos propres maximes, nous jugeons nos actions et celles d’autrui comme bonnes ou mauvaises, et c’est à ce principe que je donne le nom de conscience (...) Les actes de la conscience ne sont pas des jugements, mais des sentiments (...) »[2].    « Dans toutes les questions de morale difficiles comme celle-ci, je me suis toujours bien trouvé de les résoudre par le dictamen de ma conscience, plutôt que par les lumières de ma raison. Jamais l’instinct moral ne m’a trompé » (Jean-Jacques Rousseau)[3].

« Thus the course of the argument leads us to conclude, that since vice and virtue are not discoverable merely by reason, or the comparison of ideas, it must be by means of some impression or sentiment they occasion, that we are able to mark the difference between them. Our decisions concerning moral rectitude and depravity are evidently perceptions ; and as all perceptions are either impressions or ideas, the exclusion of the one is a convincing argument for the other. Morality, therefore, is more properly felt than judg'd of (...) The rules of morality, therefore, are not conclusions of our reason » (David Hume)[4].

« C’est dans la pureté du cœur que s’enracine la moralité » (Gandhi)[5].


Le sentiment moraux sont la source de la moralité

L'être humain partage avec les autres animaux des sentiments moraux et une propension naturelle à la moralité[6], c'est-à-dire un instinct altruiste, une capacité d'empathie, de compassion, un sentiment naturel de pitié qui se traduit par « une répugnance innée à voir souffrir son semblable ». L'idée des sentiments moraux comme source de la moralité avait notamment été préfigurée par plusieurs philosophes dont Jean-Jacques Rousseau[7], David Hume[8], Adam Smith[9] et Arthur Shopenhauer[10]. Rousseau affirmait :

« Je ne crois pas avoir aucune contradiction à craindre, en accordant à l'homme la seule vertu naturelle qu'ait été forcé de reconnaître le détracteur le plus outré des vertus humaines. Je parle de la pitié  (...) vertu d'autant plus universelle et d'autant plus utile à l'homme, qu'elle précède en lui l'usage de toute réflexion, et si naturelle que les bêtes mêmes en donnent quelquefois des signes sensibles (...) Tel est le pur mouvement de la nature, antérieur à toute réflexion : telle est la force de la pitié naturelle que les moeurs les plus dépravées ont encore peine à détruire (...) Mandeville a bien senti qu'avec toute leur morale les hommes n'eussent jamais été que des monstres, si la nature ne leur eût donné la pitié à l'appui de la raison ; mais il n'a pas vu que de cette seule qualité découlent toutes les vertus sociales qu'il veut disputer aux hommes (...) Il est donc bien certain que la pitié est un sentiment naturel (…) C’est elle, qui nous porte sans réflexion au secours de ceux que nous voyons souffrir : c’est elle qui, dans l’état de nature, tient lieu de lois, de mœurs, et de vertu, avec cet avantage que nul n’est tenté de désobéir à sa douce voix. C’est elle qui détournera tout sauvage robuste d’enlever à un faible enfant, ou à un vieillard infirme, sa subsistance acquise avec peine, si lui-même espère pouvoir trouver la sienne ailleurs (...) C’est en un mot dans ce sentiment naturel, plutôt que dans des arguments subtils, qu’il faut chercher la cause de la répugnance que tout homme éprouverait à mal faire, même indépendamment des maximes de l’éducation. Quoiqu’il puisse appartenir à Socrate, et aux esprits de sa trempe, d’acquérir de la vertu par raison, il y a longtemps que le genre humain ne serait plus, si sa conservation n’eût dépendu que des raisonnements de ceux qui le composent »[11].

« C’est la raison qui engendre l’amour-propre, et c’est la réflexion qui le fortifie. C’est elle qui replie l’homme sur lui-même; c’est elle qui le sépare de tout ce qui le gêne et l’afflige : c’est la philosophie qui isole; c’est par elle qu’il dit en secret, à l’aspect d’un homme souffrant, péris si tu veux, je suis en sûreté »[12].

D'ailleurs, Rousseau soutenait que la règle d'or en éthique (« ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu'on te fasse à toi-même ») n'a de vrai fondement que les sentiments moraux (la conscience) et non la raison. Il affirme :

« Le précepte même d’agir avec autrui comme nous voulons qu’on agisse avec nous n’a de vrai fondement que la conscience et le sentiment ; car où est la raison précise d'agir étant moi comme si j'étais un autre, surtout quand je suis moralement sûr de ne jamais me trouver dans le même cas ? et qui me répondra qu'en suivant bien fidèlement cette maxime j'obtiendrai qu'on la suive de même avec moi ? Le méchant tire avantage de la probité du juste et de sa propre injustice; il est bien aise que tout le monde soit juste, excepté lui. Cet accord-là, quoi qu'on en dise, n'est pas fort avantageux aux gens de bien »[13].

En somme, Rousseau affirmait :

« Il est donc au fond des âmes un principe inné de justice et de vertu, sur lequel, malgré nos propres maximes, nous jugeons nos actions et celles d’autrui comme bonnes ou mauvaises, et c’est à ce principe que je donne le nom de conscience (...) Les actes de la conscience ne sont pas des jugements, mais des sentiments (...) »[14].

« Dans toutes les questions de morale difficiles comme celle-ci, je me suis toujours bien trouvé de les résoudre par le dictamen de ma conscience, plutôt que par les lumières de ma raison. Jamais l’instinct moral ne m’a trompé »[15].

NB : Jean-Jacques Rousseau, considéré par Arthur Schopenhauer comme le « plus grand des moralistes modernes »[16] et par Emmanuel Kant comme le « Newton du monde moral »[17], était reconnu pour sa très grande sensibilité. Le philosophe David Hume le décrivait ainsi : « He has only felt during the whole course of his life, and in this respect his sensibility rises to a pitch beyond what I have seen any example of ; but it still gives him a more acute feeling of pain than of pleasure. He is like a man who was stripped not only of his clothes, but of his skin, and turned out in this situation to combat with the rude and boisterous elements »[18].

Le scientifique Charles Darwin affirmait également que notre volonté d’aider le faible et le déshérité résultait de notre instinct de sympathie :

« With savages, the weak in body or mind are soon eliminated ; and those that survive commonly exhibit a vigorous state of health. We civilized men, on the other hand, do our utmost to check the process of elimination ; we build asylums for the imbecile, the maimed, and the sick ; we institute poor-laws ; and our medical men exert their utmost skill to save the life of every one to the last moment (...) The aid which we feel impelled to give to the helpless is mainly an incidental result of the instinct of sympathy, which was originally acquired as part of the social instincts, but subsequently rendered (...) more tender and more widely diffused. Nor could we check our sympathy, if so urged by hard reason, without deterioration in the noblest part of our nature (...) If we were intentionally to neglect the weak and helpless, it could only be for a contingent benefit, with a certain and great present evil »[19].

Gandhi affirmait également que « c’est dans la pureté du cœur que s’enracine la moralité »[20]. Le primatologue et éthologue Frans de Waal affirme également que l’empathie et la sympathie sont les pilliers de la moralité :

 « Humans and other animals have been endowed with a capacity for genuine love, sympathy, and care—a fact that can and will one day be fully reconciled with the idea that genetic self-promotion drives the evolutionary process (...) Needless to say, empathy and sympathy are pillars of human morality  »[21].

Selon Paul Bloom, professeur de psychologie morale à l'Université Yale, « certain moral foundations are not acquired through learning »[22]. En effet, le sens moral, l'empathie et la compassion, le sens de l'équité et le sens de la justice sont, selon lui, innés[23]. En conséquence, nous naissons tous (exception faites des psychopathes) et à des degrés divers avec un sens moral (“some capacity to distinguish between kind and cruel actions”), de l'empathie et de la compassion (“suffering at the pain of those around us and the wish to make this pain go away”), un sens de l'équité (“a tendency to favor equal divisions of resources”) et un sens de la justice (“a desire to see good actions rewarded and bad actions punished”)[24]. Dans un texte de CNN, Susan Chun résume :

« It is one of life's biggest questions: Are we born knowing the difference between good and evil? Or are we taught our moral beliefs by parents and society?  Philosophers and psychologists have long believed that babies are born "blank slates," and that it is the role of parents and society to teach babies the difference between right and wrong; good and bad; mean and nice. But a growing number of researchers now believe differently. They believe babies are in fact born with an innate sense of morality, and while parents and society can help develop a belief system in babies, they don't create one »[25].

Le sens moral (la capacité rationnelle de distinguer le bien du mal) est nécessaire, mais insuffisant à la moralité. Un être humain doué d'un sens moral exemplaire (par exemple un professeur d'éthique), mais dénué de sentiments moraux, c’est-à-dire de pitié, d'empathie et de compassion manquerait la motivation d'agir moralement. Jean-Jacques Rousseau affirmait d’ailleurs que la raison nous apprend à connaître le bien et le mal, mais que la conscience (découlant des sentiments moraux) nous fait aimer l’un et haïr l’autre[26]. L'exemple extrême qu’on peut donner est celui des psychopathes dénués d'empathie et de compassion, mais parfaitement capables de discerner le bien du mal. Le psychologue Robert D. Hare, spécialisé en psychopathie, définit le psychopathe ainsi :

« Psychopaths  are social predators who charm, manipulate, and ruthlessly plow their way through life, leaving a broad trail of broken hearts, shattered expectations, and empty wallets. Completely lacking in conscience and in feelings for others, they selfishly take what they want and do as they please, violating social norms and expectations without the slightest sense of guilt or regret (...) These examples also illustrate a frightful and perplexing theme that runs through the case histories of all psychopaths: a deeply disturbing inability to care about the pain and suffering experienced by others—in short, a complete lack of empathy, the prerequisite for love (...) Many of the characteristics displayed by psychopaths—especially their egocentricity, lack of remorse, shallow emotions, and deceitfulness—are closely associated with a profound lack of empathy (an inability to construct a mental and emotional “facsimile” of another person). They seem unable to “get into the skin” or to “walk in the shoes” of others, except in a purely intellectual sense. The feelings of other people are of no concern to psychopaths (...) Psychopaths view people as little more than objects to be used for their own gratification. The weak and the vulnerable—whom they mock, rather than pity—are favorite targets. “There is no such thing, in the psychopathic universe, as the merely weak,” wrote psychologist Robert Rieber. “Whoever is weak is also a sucker; that is, someone who demands to be exploited.”»[27].

« As I mentioned earlier, psychopaths do meet current legal and psychiatric standards for sanity. They understand the rules of society and the conventional meanings of right and wrong. They are capable of controlling their behavior and realize the potential consequences of their acts. The problem is that this knowledge frequently fails to deter them from antisocial behavior »[28].

Paul Bloom donne l'exemple des psychopathes afin d'illustrer l'insuffisance de la raison :

« People could not be moral without the capacity to tell right from wrong. But if we want to explain where moral actions come from— why we sometimes behave kindly and altruistically, instead of cruelly and selfishly—this moral sense is not enough.

To see why, imagine a perfect—perfectly rotten—psychopath. He is blessed with high intelligence, good social skills, and some of the same motivations that normal people possess, such as hunger, lust, and curiosity. But he lacks a normal response to the suffering of others and is missing as well feelings such as gratitude and shame. Because of some unhappy combination of genes, parenting, and idiosyncratic personal experience, he is without moral sentiments.

Our psychopath need not be a moral imbecile. He could possess the simple capacities we talked about in the last chapter. Even as a baby psychopath, he might prefer an individual who helps someone up a hill over someone who pushes the character down. And as he grows up, he will learn the rules and conventions of his society. Our psychopath knows that it is “right” to rescue a lost child and “wrong” to sexually assault a woman while she is unconscious. But he doesn’t feel any of the associated moral emotions, so his appreciation of right and wrong is similar to that of someone blind from birth who can state that grass is “green” and that the sky is “blue”—factually correct knowledge without the usual experiences that go with it.

Imagine trying to convince your psychopath to be kind to other people. You might tell him that he needs to repress selfish impulses for the sake of others. You could throw some philosophy at him, presenting the view of utilitarian philosophers that we should act to increase the sum total of human happiness, or going on about Immanuel Kant’s categorical imperative, or John Rawls’s veil of ignorance, or Adam Smith’s impartial spectator. You might try strategy that parents often use with their children and ask him how he would feel if someone behaved toward him as he often behaves toward others.

He could respond to all of this that he simply doesn’t care about increasing the amount of human happiness and has no interest in the categorical imperative, or any of the rest of it. He appreciates the logical equivalence between him harming another individual and another individual harming him—he’s not an idiot, after all. But, still, none of this motivates him to treat people with kindness »[29].

L'exemple susmentionné du psychopathe (que l'on pourrait sans difficulté imaginer comme un être intellectuellement supérieur et doué en éthique, mais dans les faits profondément immoral) démontre que, à part pour quelques personnes d'exceptions telles que Socrate ou Emmanuel Kant pour qui l'éthique est une passion et a une valeur intrinsèque, la raison est, par elle-même, impuissante à faire aimer le bien et haïr le mal ou à rendre une personne morale. De plus, cet exemple confirme les propos du philosophe David Hume qui affirmait que la raison est instrumentale et l’esclave des passions (des sentiments) : « We speak not strictly and philosophically when we talk of the combat of passion and of reason. Reason is, and ought only to be the slave of the passions, and can never pretend to any other office than to serve and obey them »[30]. Le philosophe Bertrand Russell affirmait aussi :

« "Reason" has a perfectly clear and precise meaning. It signifies the choice of the right means to an end that you wish to achieve. It has nothing whatever to do with the choice of ends. But opponents of reason do not realize this, and think that advocates of rationality want reason to dictate ends as well as means. They have no excuse for this view in the writings of rationalists. There is a famous sentence : "Reason is and ought only to be, the slave of the passions". This sentence does not come from comes from the works of Rousseau or Dostoevsky or Sartre. It comes from David Hume. It expresses a view to which I, like every man who attempts to be reasonable, fully subscribe. When I am told, as I frequently am, that I "almost entirely discount the part played by the emotions in human affairs", I wonder what motive-force the critic supposes me to regard as dominant. Desires, emotions, passions (you can choose whichever word you will), are the only possible causes of action. Reason is not a cause of action but only a regulator »[31].

Le philosophe Noam Chomsky affirmait également :

« If you have read serious social science journals or foreign policy journals over the last few years, you have seen that it is very common to counterpose the "emotional approach" of certain people with the "rational response" of others. For example, the people who worry about the slaughter of peasant populations-these people are overcome by emotion. On the other hand, those who talk about arranging inputs to realize a certain outcome are "reasonable" commentators. This is an interesting development, the counterposing of emotion to reason, because it departs significantly from the Western intellectual tradition. For example, David Hume wrote that "reason is and ought to be the slave of the passions". And Russell, commenting on the observation, noted that every reasonable man subscribes to this dictum. He surely would be an "unreasonable" commentator by the standards of today. Reason is concerned with the choice of the right means to an end that you wish to achieve, taking emotional and moral factors into consideration. Unfortunately, too many modern technocrats, who often pose as scientists and scholars, are really divorcing themselves from traditional science and scholarship and excluding themselves from the company of reasonable persons in the name of a kind of reason that is perverted beyond recognition »[32].

Le professeur Jonathan Haidt, psychologue social et professeur d'éthique à l'Université de New York, affirme :

« Now we know that emotions are not as irrational (Frank, 1988), that reasoning is not as reliable (Kahneman & Tversky, 1984), and that animals are not as amoral (de Waal. 1996) as we thought in the 1970s. The time may be right, therefore, to take another look at Hume's perverse thesis: that moral emotions and intuitions drive moral reasoning, just as surely as a dog wags its tail »[33].

Benjamin Franklin (l'un des pères fondateurs des États-Unis), affirmait que « l'un des avantages d'être une "créature raisonnable" est qu'on peut trouver une raison pour tout ce qu'on veut »[34].

Puisque la raison est l'esclave des passions et des émotions alors la qualité morale de la raison (ou d'un raisonnement) dépend de la qualité des sentiments moraux. Ainsi une personne ayant peu d'empathie et de pitié aura tendance à être plus égoïste et à employer sa raison à des fins égoïstes (jusqu'à justifier à l'extrême la vile maxime des maîtres de l'espèce humaine formulée par Adam Smith : « tout pour nous et rien pour les autres »[35]) alors qu'une personne avec beaucoup d'empathie et de pitié aura tendance à être plus altruiste et à employer sa raison à des fins altruistes. Quoi qu'il en soit, les gens ont tendance à considérer « raison » et « éthique » comme étant indissociables en particulier depuis les écrits du célèbre philosophe Émmanuel Kant. Or ceci est une erreur comme l'ont démontré les philosophes David Hume et Arthur Schopenhauer. À ce sujet, le philosophe Arthur Schopenhauer affirmait :

« Quant au titre de raisonnable, au contraire, on l'a de tout temps accordé à l'homme qui ne se guide pas sur des impressions de l'ordre intuitif, mais sur des pensées et des concepts, et qui doit à cela un air de supériorité, de conséquence, de réflexion dans sa manière de faire. Mais tout cela n'a rien à voir avec la justice ni avec la charité. Au contraire, un homme peut avoir une conduite fort raisonnable, donc réfléchie, circonspecte, conséquente, bien ordonnée, méthodique, tout en suivant les maximes les plus égoïstes, les plus injustes, enfin les plus perverses. Aussi personne avant Kant n'avait songé à identifier une action juste, vertueuse, noble avec une action raisonnable »[36].

Le philosophe David Hume affirmait également :

«'Tis not contrary to reason to prefer the destruction of the whole world to the scratching of my finger. 'Tis not contrary to reason for me to chuse my total ruin, to prevent the least uneasiness of an Indian or person wholly unknown to me. 'Tis as little contrary to reason to prefer even my own acknowledg'd lesser good to my greater, and have a more ardent affection for the former than the latter »[37].

En conséquence, la « raison » ne nous permet pas de préférer une éthique altruiste (par exemple « l'utilitarisme » où une personne doit considérer les intérêts de toutes les personnes concernées avant de prendre une décision) à une éthique de l'égoïsme (par exemple « l'éthique de l'égoïsme » où une personne ne tient compte que de son intérêt personnel sans égard aux intérêts des autres personnes concernées).  Par exemple, la philosophe Ayn Rand, que Noam Chomsky considère comme « one of the most evil figures of modern intellectual history »[38], défendait une « éthique de l'égoïsme »[39] (une éthique rationnelle)[40]. Selon cette théorie éthique, l'altruisme est le mal et est immoral[41]. Aux États-Unis son oeuvre majeure, « Atlas Shrugged », jouit d'une très grande popularité et fut citée comme le livre le plus influent après la Bible. L'ancien Président des États-Unis Ronald Reagan ainsi qu'Alan Greenspan étaient connus pour leur admiration d'Ayn Rand, admiration que partage Paul Ryan. Matthieu Ricard affirme :

« Ayn Rand est certainement une curieuse énigme. Bien qu'elle ne soit que très peu connue en Europe et dans le reste du monde, elle continue à avoir une influence notable sur la société américaine. Dans le cadre d'un sondage d'opinion mené en 1991 par la bibliothèque du Congrès des États-Unis, son oeuvre majeure, Atlas Shrugged, fut cité comme le livre le plus influent après la Bible. Le Président Reagan ainsi qu'Alan Greenspan étaient connus pour leur admiration d'Ayn Rand, admiration que partage Paul Ryan »[42].

En somme, une conviction morale peut être parfaitement rationnelle sans être éthique. Personnellement, je suis très fortement convaincu, comme l'on mentionné dans leurs écrits les philosophes Rousseau, Hume, Smith, Schopenhauer et Gandhi, que l'éthique a davantage avoir avec les « sentiments » qu'avec la « raison ». D'ailleurs, aucune théorie éthique ne peut être prouvée (par la raison) et elles reposent toutes pour leur fondement sur des intuitions morales (des sentiments). Aux fins du présent texte, mentionnons seulement l'opinion du philosophe John Rawls (comme représentant de la théorie éthique déontologique) et celle du philosophe J.J.C. Smart (comme représentant de la théorie éthique utilitarisme). John Rawls affirmait qu'une théorie de la justice est une « théorie des sentiments moraux »[43]. J.J.C. Smart affirmait aussi :

« No proof of utilitarianism. A system of normative ethics cannot be proved intellectually. Any such “proof” of utilitarianism as was attempted by Bentham or Mill can be shown to be fallacious. (Mill disclaimed the possibility of proof and spoke more vaguely of “considerations capable of determining the intellect,” but he presented an attempted proof nonetheless.) Sidgwick and Moore were clearer on this point and saw that ethical principles cannot be deduced from anything else. They appealed instead to intellectual intuition (...) »[44].

Albert Camus affirmait que la philosophie (l'usage de la raison) « peut servir à tout, même à changer les meurtriers en juges »[45]. La psychologue Denise Cummins donne plusieurs exemples de mésusage de la raison détachée des sentiments moraux :

« Yet sufficient evidence from the annals of human history plainly shows that reason, untempered by empathy, is just as likely to lead to tyranny and genocide as it is to lead to good judgment. When compassion and reason are decoupled, judgment is not improved. Instead, the door is opened to inhumane practices.

Human history is replete with examples of principle-based atrocities. The reasoning underlying genocide and "ethnic cleansing" seems perfectly logical to people who subscribe to a twisted belief system—bring about a "greater good" by "cleansing" the world of "bad" people—but it's empathetically bankrupt. What drives and sustains the suicide bomber ? The belief in the purity of his principles, principles that require one to blind oneself to the suffering and carnage of the innocents at his mercy.

It was the cold light of reason—based of course on false beliefs—that gave us laws permitting slavery, burning human beings at the stake, and bear baiting as a form of entertainment. It was empathy for the victim that ended these practices. It is empathy that prevents a man from beating his wife when the law in some countries fully permits (or even requires) him to do so. It is empathy for the victim that brought us the Red Cross, Amnesty International, and the scores of other humanitarian organizations that grace our world. It is empathy that makes us want to rescue victims, and it is empathy that prevents us from killing their tormenters—despite our rage and lust for retributive justice »[46].

Au procès de Nuremberg de 1945-1946 (procès des chefs nazis responsables de l'holocauste), le psychologue Gustav M. Gilbert concluait que le mal est l'absence d'empathie :

« “I told you once that I was searching for the nature of evil. I think I’ve come close to defining it: a lack of empathy. It’s the one characteristic that connects all the defendants: a genuine incapacity to feel with their fellow man. Evil, I think, is the absence of empathy »[47].

La raison n'a pas empêché Martin Heidegger, l'un des plus grands philosophes du 20e siècle, d'être membre du parti nazi en Allemagne et de participer à l'un des plus grands maux qu'a connus l'humanité[48].  Comme l'affirme le philosophe Peter Singer :

« Philosophers are human beings and they are subject to all the preconceptions of the society to which they belong. Sometimes they succeed in breaking free of the prevailing ideology : more often they become its most sophisticated defenders »[49].

Thomas Jefferson, père fondateur des États-Unis, 3e président des États-Unis et auteur principal de la Déclaration de l'indépendance de 1776, affirmait également que les sentiments moraux (l'empathie et la compassion), et non la science ou la raison, étaient la source de la moralité. Selon lui, ces sentiments moraux constituaient le « sens moral », un sens de la même nature que par exemple la vue ou l'ouïe, que tous les êtres humains possèdent à des degrés divers. Par conséquent, il était d'avis que de suivre des cours ou des conférences portant sur la philosophie morale (servant à perfectionner la raison) était une perte de temps. Étant entendu n'y a pas de raison de croire que la nature a conféré au professeur d'éthique un sens moral plus grand qu'au laboureur, il était d'opinion qu'un laboureur était susceptible d'avoir un meilleur jugement moral qu'un professeur d'éthique, car contrairement au professeur d'éthique, le laboureur n'est pas restreint dans son jugement moral par des règles artificielles (produits de la raison). Il affirmait :

« Morals were too essential to the happiness of man to be risked on the incertain combinations of the head. She laid their foundation therefore in sentiment, not in science »[50].

« Moral Philosophy. I think it lost time to attend lectures on this branch. He who made us would have been a pitiful bungler, if he had made the rules of our moral conduct a matter of science. For one man of science, there are thousands who are not. What would have become of them? Man was destined for society. His morality, therefore, was to be formed to this object. He was endowed with a sense of right and wrong, merely relative to this. This sense is as much a part of his nature, as the sense of hearing, seeing, feeling; it is the true foundation of morality, and not the to kalon [beautiful], truth, &c., as fanciful writers have imagined. The moral sense, or conscience, is as much a part of man as his leg or arm. It is given to all human beings in a stronger or weaker degree, as force of members is given them in a greater or less degree. It may be strengthened by exercise, as may any particular limb of the body. This sense is submitted, indeed, in some degree, to the guidance of reason; but it is a small stock which is required for this: even a less one than what we call common sense. State a moral case to a ploughman and a professor. The former will decide it as well, & often better than the latter, because he has not been led astray by artificial rules. In this branch, therefore, read good books, because they will encourage, as well as direct your feelings. The writings of Sterne, particularly, form the best course of morality that ever was written. Besides these, read the books mentioned in the enclosed paper; and, above all things, lose no occasion of exercising your dispositions to be grateful, to be generous, to be charitable, to be humane, to be true, just, firm, orderly, courageous, &c. Consider every act of this kind, as an exercise which will strengthen your moral faculties & increase your worth »[51].

L'affirmation de Jefferson, selon laquelle un laboureur est susceptible d'avoir un meilleur jugement moral qu'un professeur d'éthique, rejoint également l'idée qu'il n'existe pas d'expert en éthique[52], car en ce domaine nous sommes nos propres experts. En effet, Jean-Jacques Rousseau affirmait que « la conscience est le plus éclairé des philosophes »[53], « le meilleur de tous les casuistes »[54] et le « juge infaillible du bien et du mal »[55]. Il ajoute :

« Il est donc au fond des âmes un principe inné de justice et de vertu, sur lequel, malgré nos propres maximes, nous jugeons nos actions et celles d’autrui comme bonnes ou mauvaises, et c’est à ce principe que je donne le nom de conscience (...) Les actes de la conscience ne sont pas des jugements, mais des sentiments. Quoique toutes nos idées nous viennent du dehors, les sentiments qui les apprécient sont au dedans de nous, et c’est par eux seuls que nous connaissons la convenance ou disconvenance qui existe entre nous et les choses que nous devons respecter ou fuir »[56].

« Dans toutes les questions de morale difficiles comme celle-ci, je me suis toujours bien trouvé de les résoudre par le dictamen de ma conscience, plutôt que par les lumières de ma raison. Jamais l’instinct moral ne m’a trompé »[57].

Le fait que les sentiments moraux (pitié, empathie, compassion) soient la source de la moralité et, à mon avis prioritaires, ne signifie pas que la raison ne soit pas importante en éthique[58]. Au contraire, elle est importante pour former un bon jugement moral et particulièrement utile pour corriger un jugement moral fondé notamment sur des préjugés, des stérotypes ou sur des idées préconçues ou irrationnelles. Cependant, en l'absence de capacité d'éprouver de la pitié, de l'empathie ou de la compassion, la raison, qui est l'esclave des passions, risque de servir des passions destructrices. Elle sera également impuissante, à elle seule, à forcer une personne à agir moralement. Le philosophe Hans Jonas affirmait :

« L'éthique a une face objective et une face subjective, dont l'une a affaire à la raison et l'autre au sentiment. Historiquement c'est tantôt l'une, tantôt l'autre qui se trouvait davantage au centre de la théorie éthique [...]  Mais les deux faces sont mutuellement complémentaires et l'une et l'autre sont des parties intégrantes de l'éthique comme telle. Si nous n'étions pas [...]  réceptifs à l'appel de l'obligation grâce à un sentiment qui lui répond, même la preuve la plus contraignante de son droit [...]  serait pourtant impuissante à transformer en force motivante ce qui est prouvé »[59].

Généralement la personne qui agi de façon immorale, n'est pas immorale en raison de son incapacité à discerner le bien et le mal ou par manque de connaissance en éthique, mais par manque de sentiments moraux (c'est-à-dire par manque de pitié, d'empathie, de compassion). En effet, aucun criminel, ou scélérat ou aucune personne peu scrupuleuse ne prétendrait, sauf par rationalisation a posteriori, ne pas savoir par exemple que le meurtre, le viol, le vol, la fraude, la violence sur toutes ses formes, le harcèlement, l’exploitation des personnes faibles et vulnérables ou l’intimidation est mal. Comme l'affirme la Cour suprême du Canada, « un enfant de sept ans peut connaître la différence entre le «bien» et le «mal» au sens moral »[60]. De plus, au Canada, une personne de 12 ans est présumée avoir la capacité pénale et être responsable criminellement de ces actes[61]. Ce serait également absurde de prétendre qu'une personne puisse oublier les notions du bien et du mal. À ce sujet, le philosophe Gilbert Ryle affirme :

« 'Don't you know the difference between right and wrong ?' 'Well, I did learn it once, but I have forgotten it'. This is a ridiculous thing to say »[62].


Le manque de sentiments moraux (d'empathie) est un problème de société

Le manque d'empathie semble être un problème généralisé et donc un problème de société. En effet, selon une métaanalyse publiée en 2011 et portant sur les années 1979 à 2009, les étudiants d'université américaines sont 40% moins empathiques que les étudiants des cohortes d'il y a 20 ou 30 ans[63]. Ceci n'est pas étonnant. En effet, au cours de cette même période, le narcissisme chez les étudiants, qui est corrélé négativement avec l'empathie[64], a augmenté de manière significative[65]. Le DSM V définit le  trouble de personnalité narcissique ainsi : « A pervasive pattern of grandiosity (in fantasy or behavior), need for admiration, and lack of empathy »[66]. L'égocentrisme est également une caractéristique des personnes narcissiques[67]. Selon Jean M. Twenge, professeure de psychologie à San Diego State University, l'épidémie de narcissisme aurait commencé dans les années 70[68]. Selon elle, la cause principale de cette montée de narcissisme, dont l'arrivée des "selfies" en est un symptôme patent[69], est la culture américaine d'estime de soi dans laquelle les parents insistent pour renforcer l'estime de soi de leurs enfants convaincus que l'estime de soi est un ingrédient nécessaire au succès :

« By comparing decades of personality test results, Dr. Twenge has concluded, over and over again, that younger generations are increasingly entitled, self-obsessed and unprepared for the realities of adult life.

And the blame, she says, falls squarely on America’s culture of self-esteem, in which parents praise every child as “special,” and feelings of self-worth are considered a prerequisite to success, rather than a result of it.

“There’s a common perception that self-esteem is key to success, but it turns out it isn’t,” she said. Nonetheless, “young people are just completely convinced that in order to succeed they have to believe in themselves or go all the way to being narcissistic.” »[70].

La montée de narcissisme est inquiétante, car ce trait de personnalité entraîne une perte d'empathie (de sentiments moraux) et est corrélé avec la psychopathie et le machiavélisme et forme avec ceux-ci ce que les psychologues appellent la « triade noire » de la personnalité[71].

La montée du narcissisme n'explique probablement pas à elle seule cette perte d'empathie et de sentiments moraux que les psychologues observent. Il n'est pas invraisemblable de penser que, dans la société "insensible" dans laquelle on vit, le processus de socialisation force les enfants (surtout les garçons) à se désensibiliser afin d'être acceptés par leurs pairs et pouvoir faire partie du groupe. En conséquence, seule une partie d'entre eux préservent leur empathie jusqu'à l'âge adulte. À ce sujet, la psychologue Linda Kreger Silverman affirme :

« It is clear that not all gifted individuals reach adulthood with their sensitivity intact. It takes great courage to experience the depth of one's emotions in an insensitive society. Some gifted children who show profound emotional and moral sensitivity in their early years seem to lose these capacities somewhere along the way. Lovecky (1994) writes :

To continue with the generous, compassionate and altruistic responses of early childhood places many gifted boys at considerable risk for peer rejection and ridicule. They are too vulnerable this way, so they often conceal the moral side of themselves behind the same invulnerability modeled for them by others ; that is, they wall off and deny compassionate responses to others.

Dabrowski (1979/1994) found morally and emotionally advanced adults gentle, delicate, nonagressive, likely to withdraw rather than retaliate, "heroic" in their sensitivity. He felt that because of their sensitivity and integrity, these individuals are capable of bringing humanity to a higher set of values, but that they are at great risk of being destroyed by society because of their inherent differences »[72].

La psychologue Deirdre V. Lovecky affirme également :

« Problems with empathy and compassion

Not everyone grows up to act in moral ways. Even gifted children who appear to have early concerns about others, the environment, pollution, war and peace, and issues of fairness and justice do not all grow up to be exceptionally sensitive to moral issues.

Roeper discussed how gifted children’s sense of justice and ethics can be lost through an overemphasis on conformity. When conformity rules the world in which gifted children live, they often respond by creating a subculture of beating the system, getting around the rules, and manipulating. They start to do things for personal gain and learn that “might makes right.” Anyone who thinks differently is seen as an idealist, someone not to be taken seriously (Roeper 1995b). Since most gifted children are pressured to conform, they become sensitized to the expectations of society to be less idealistic, less altruistic, and less ethical, and over time show less moral awareness. Those children who conform less to societal expectations, the ones who do not suffer fools gladly, retain more moral awareness through adolescence.

The need to conform starts at birth, but is kept at bay for many gifted children until they reach formal schooling. Then, the process of lowering expectations, doing things as peers do, and using popular pastimes to ensure social success can also decrease moral sensitivity. This can be the case even among those gifted children who were exceptionally compassionate or sensitive to injustice in early childhood. Silverman (1994) described one boy who was extremely sensitive to injustice but became “desensitized” after he entered school.

My own earlier observations with gifted children (Lovecky 1994c) suggested that many young gifted boys, even as they worry about the environment and show concern for homelessness, poverty, and war become, nevertheless, fascinated with violence. As they compete with age peers and become immersed in peer culture, especially media-driven pastimes, these boys begin to see violence as an acceptable solution to interpersonal conflict. This can have a number of different ramifications, including loss of previously held ideals about justice and caring »[73].

Il n'est pas non plus invraisemblable de penser que la structure de la société dans laquelle on vit (incluant ses normes et ses institutions) encourage les types de personnalités agressives caractérisées par un manque d'empathie (psychopathie, machiavélisme et narcissisme). En effet, selon le psychologue Robert D. Hare, spécialisé en psychopathie, « society is moving in the direction of permitting, reinforcing, and in some instances actually valuing some of the traits listed in the Psychopathy Checklist - traits such as impulsivity, irresponsibility, lack of remorse, and so on »[74]. Il ajoute :

« What is clear is that society is making it a lot easier for psychopathy or psychopathic behaviour to flourish (...) The moral ethical standards that we have now are shifting. What is acceptable now would not have been acceptable five or 10 or 20 years ago (...) I won't even watch Dexter. In a sense what they are doing is glorifying, glamorizing and making normal what is really abnormal. All these programs like CSI and the hundreds of others »[75].

Par exemple, sur le marché du travail, « l'agréabilité » (« Agreeableness »)[76], comme trait de personnalité, est corrélé négativement avec le revenu[77]. En d'autres termes, les personnes qui sont gentilles, empathiques, compatissantes, altruistes, modestes, prosociales et coopératives sont généralement moins bien payées[78] et ont, par conséquent, moins de succès sur le marché du travail (étant entendu que le salaire est la principale mesure objective du succès sur le marché du travail)[79]. À l'inverse, pour les hommes (mais pas pour les femmes)[80], la « désagréabilité » paie[81]. Par exemple, les hommes qui ont une personnalité narcissique ou machiavélique (la triade noire) sont favorisés[82]. Un trop grand degré de « désagréabilité » peut être associé à la psychopathie[83]. Or même  les « psychopathes », qui sont par définition dénués de toute conscience morale[84], ont généralement beaucoup de succès sur le marché du travail[85] bien que, comme le mentionnent les auteurs Paul Babiak et al., leur succès relève davantage du style ou de la forme (à savoir leur habileté à charmer, à manipuler et à tromper) que de la substance (leur performance)[86]. Le professeur de psychologie à l'Université d'Oxford, Kevin Dutton, compare la psychopathie à une exposition aux rayons de soleil et suggère ainsi que la psychopathie (l'absence de conscience morale[87]) à faible dose peut être bénéfique sur le marché du travail[88]. Il affirme :


« Yet psychopathy, as the Devil and his flamboyant London protégé just hinted, can also be good for us, at least in moderation (...) Psychopathy is like sunlight. Overexposure can hasten one’s demise in grotesque, carcinogenic fashion. But regulated exposure at controlled and optimal levels can have a significant positive impact on well-being and quality of life »[89].

Dits autrement, les gens qui sont dépourvus de conscience morale auraient de sages leçons à nous apprendre[90]. Or selon Martha Stout, psychologiste à Harvard, M. Dutton fait erreur et confond le narcissisme (qui peut être bénéfique à une certaine dose) avec la psychopathie (qui est toujours nuisible et destructrice). Elle affirme :

« If Dutton had titled his book “The Wisdom of Narcissists” he might have made a more credible case: psychologists largely agree that human beings need a certain amount of “normal” narcissism to be healthy. But narcissism varies by degree. The emotional black hole of consciencelessness does not (...) As a professional who has spent decades studying the bleak disorder of consciencelessness, I can say with a fair degree of certainty that there is no wisdom in psychopathy. There is only an irredeemable emptiness that should not and cannot be served up in “doses."»[91].

En fait, selon le psychologue Robert Joseph Smith, le psychopathe (qui n'a aucune conscience morale) serait mieux adapté que la personne sensible, empathique et douée d'une grande conscience morale à la culture dans laquelle on vit :

« In a situation where individualism is trump, the psychopath is powerfully equipped to survive, if not always to succeed. That is, if the operational basis of the culture requires projecting a good image while watching out for oneself, if it encourages pursuit of material pleasure and the marchandizing of people, then far from being a mask of sanity or a moral imbecile, the psychopath is the reasonable one and those of us who are trusting, reliable, and empathetic are out of phase with reality »[92].

Ce qui fait dire à Charles Derber, professeur de sociologie à l'Université de Boston, que les États-Unis sont devenus ou sur le point de devenir une société « sociopathe ».  Il affirme :

« My argument in this book is that the United States, with a long history of sociopathic institutions and practices, is now evolving toward a full-blown sociopathic society. We still have a chance to change course. But our society is increasingly structured to turn people and institutions toward sociopathic behavior that harms other individuals and entire societies, including our own (...)

Sociopathy is antisocial behavior by an individual or institution that typically advances self-interest, such as making money, while harming others and attacking the fabric of society. In a sociopathic society, sociopathic behavior, both by individuals and institutions, is the outcome of dominant social values and power arrangements. A sociopathic society, paradoxically, creates dominant social norms that are antisocial—that is, norms that assault the well-being and survival of much of the population and undermine the social bonds and sustainable environmental conditions essential to any form of social order. This reign of antisocial social norms is crucial to my definition of sociopathic society. Like an autoimmune disease, such antisocial societal programming leads to behavior that weakens and can, in the most extreme scenario, kill the society itself.

Sociopathic behavior, whether practiced by individuals or institutions, can be physically violent, but more often it is not. An example from the corporate world is when the CEOs of Goldman Sachs, Bank of America, AIG, and other bailed-out Wall Street giants in the Great Recession increased their own compensation after driving their banks and much of America into a ditch. One defining mark of a sociopathic society is that most sociopathic behavior is perfectly legal and conforms to social norms and expectations. As a codification of antisocial norms, the law itself becomes sociopathic in the most full-blown sociopathic societies.

Sociopathic people often have narcissistic, competitive, and antisocial personalities, but, in contrast to what psychological theories tell us, this can be the outcome of the hardwiring of sociopathic society. Sociopathic personalities may be embracing the reigning societal values rather than rejecting them. In a sociopathic society, narcissists and antisocial individuals—one might think of O. J. Simpson, Donald Trump, Lance Armstrong, or Bernie Madoff—can appear entirely normal, since they often are pillars of the community and know how to succeed under existing rules of the game. Many of them are political leaders, CEOs of major corporations, high military officers, or high-ranking church clergy.

Sociopathic institutions rule the landscape of sociopathic society. These can be economic (corporations such as Enron), political (a self-serving Congress of millionaires), or military (a detention center such as Guantanamo), but they all advance institutional self-interest by harming others and undermining society.

The witty documentary film and best-selling book The Corporation, written by law professor Joel Bakan, makes the point tellingly by imagining the corporation as a patient on the couch being diagnosed by a psychiatrist. The psychiatrist goes through a checklist of symptoms evidenced by his patient—insatiable greed, self-preoccupation, power lust, willingness to harm others without remorse, pursuit of profit at the expense of communities and the whole society. The behavior is sociopathic, but it is embedded in the corporate law and power arrangements that make up the “corporate patient”
on the couch. The patient is programmed such that it cannot act differently. Bakan writes that the corporation is “pathological”;

it is singularly self-interested and unable to feel genuine concern for others in any context . . . deliberately programmed, indeed legally compelled, to externalize costs without regard for the harm it may cause to people, communities, and the natural environment. Every cost it can unload onto someone else is a benefit to itself, a direct route to profit.

The problem here is not a rotten apple—such as Enron or its corporate accountant, Arthur Anderson—but a rotten barrel. The media portrayed Enron as a rotten apple spoiled by bad leaders. Bakan’s point, though, is that Enron was acting as the corporate system requires, much like the other leading financial firms, as became evident in the Wall Street meltdown of 2008. Bank of America, Goldman Sachs, J. P. Morgan Chase, Countrywide, Washington Mutual, and AIG—all programmed to maximize short-term profit—carried out unethical, destructive behavior, whether predatory loans or issuing toxic financial instruments that they secretly bet would fail. The problem is not a few bad leaders but a corporate DNA placing profits over people and chartered by a larger sociopathic economic system (the barrel) »[93].

Il est vraisemblable que la très grande permissivité de la société dans laquelle on vit favorise également ce genre de personnalités qui n'ont peu ou pas d'inhibition (peu ou pas de "self-restraint") et de conscience morale (d'empathie). Voici le raisonnement : selon le psychologue George K. Simon, expert international des troubles de la personnalité (dont la manipulation), la personnalité d'une personne "normale" se situe sur un continuum entre deux extrêmes, à savoir entre deux troubles de la personnalité : entre les « neurotics » ou névrosés (qui sont des personnes très sensibles, inhibées, souffrant d'anxiété et de peurs, de culpabilité et de remords et qui ont une conscience morale très forte) et les « character-disordered personalities » (qui sont des personnes souvent insensibles, qui ont peu d'inhibition, qui n'ont pas de culpabilité ou de remord et une conscience morale trop faible)[94].

Il n'y a pas si longtemps, à une époque très répressive, la névrose était un véritable problème de société. En effet, les théories de la personnalité freudienne considéraient que tout le monde était à un certain degré névrosé (donc inhibé). Ces théories ont été développées à une époque très répressive[95]. À cette époque, il n'était pas surprenant de constater une prévalence élevée de névrose dans la population. En revanche, de nos jours, la société est beaucoup plus permissive (pensons au recul des religions, au relâchement des moeurs, à la libération sexuelle, à l'individualisme, aux chartes des droits et libertés, au néolibéralisme, etc.). En conséquence, les psychologues sont davantage appelés à traiter des personnes souffrant non pas d'une trop grande inhibition (névrose), mais souffrant d'un manque d'inhibition ou de "self-restraint" (« character-disordered personalities »)[96]. Or ces « character-disordered personalities » qui manquent d'inhibition sont généralement des personnalités agressives (qui ont des gros "égo", désirent gagner à tout prix, dominer, exploiter les autres, qui n'ont pas peur des sanctions, qui n'éprouvent pas de sentiment de culpabilité et d’empathie et qui refusent "non" comme réponse). Pour la société, ces « character-disordered personalities » sont beaucoup plus dangereux que les névrosés. George K. Simon explique :

« In a civilized society the character-disordered individuals are more problematic then neurotics. Neurotics mainly cause problems for themselves because they let their excessive and unwarranted fears stifle their own success. Contrarily, character-disordered personalities, unencumbered by qualms of conscience, passionately pursue their personal goals with indifference to, and often at the expense of, the rights and needs of others. Now, of all the personality types, submissive personalities are among the most neurotic and agressive personalities are among the most character-disordered »[97].

Parmi ces personnalités agressives, on retrouve le psychopathe, le machiavélisme, le narcissisme, le sociopathe, le manipulateur, etc.

Or dans une entrevue intitulée « The heroism of sensitivity » et réalisée en 1994 par Zbigniew Bierzanaski (ci-après ZB), le psychologue et psychiatre et ancien professeur en psychologie à l'Université Laval, Kazimierz Dabrowski (ci-après KD), affirmait que malheureusement ce ne sont pas les personnes sensibles, empathiques, douées d'une forte conscience morale, d'une grande capacité d'introspection, très créatives[98] voire peut-être inhibées ou névrosées qui sont considérées comme des modèles pour la société, mais plutôt les psychopathes et semi-psychopathes (égocentriques, insensibles, sans empathie, sans conscience morale, asociaux et souvent antisociaux, doués d'une intelligence instrumentale au service de leurs instincts primitifs, incapables d'introspection, sans aucune créativité, doué d'un faible potentiel de développement[99]) parce qu'ils sont forts, n'ont aucune considération pour autrui et n'ont aucune inhibition. Il affirmait :

« ZB : As a reformer, you are fighting for a chance for the "oppressed". Who are the oppressed you have in mind ?

KD : They are the ones who are not shrewd, who are rather delicate, who aren't able to fight for their own interests, who aren't pushy or demanding, but who are industrious, have deep feelings, are often wise though unsophisticated. I think about those who don't press their claims, who aren't vulgar or aggressive, and who often suffer.

I have in mind another group of people too : neurotics and psychoneurotics, those who aren't mentally ill but are gentle, emotionally quite sensitive, who are never brutal but are often inhibited, who take things deeply into their hearts, and who withdraw into themselves rather than retaliate. I consider these people to be humiliated and harmed because nobody takes care of them, or, if anyone does, it is only because these unfortunates are deemed overexcitable, eccentrics, and without resources. Not fending for oneself isn't necessarily a sign of lack of intelligence or ability to function, but very often is a sign of sensitivity and gentleness, which lead to the inability to contend with anybody about anything.

The correlation between the highly talented and psychoneurosis and neurosis is very high. Almost 97 percent of the highly creative suffer from different kinds of overexcitabilities, neuroses, and psychoneurosis. So, neurotics and psychoneurotics are a mine of social treasure. If their emotionality, talents, interests, and sensitivity were discovered at an early age, society and science would profit. Meanwhile, under the influence of psychopaths, and the so-called "statistically normal" people eager to emulate the apparent efficiency of psychopaths, the sensitive and creative are put aside.

(...)

KD : And here those sensitive individuals I referred to could help us. Who are they ? They are the ones who can't indifferently pass by human misery, humiliation, harm, sickness, loneliness, inhumanity, and barbarism (...)

ZB : But these people are put aside, destroyed...

Not all of them. Some have such strong developmental potential that they won't allow themselves to submit to a low (animalistic) value system. Someone with such potential, encompassing all human dynamisms, empathy, and responsibility, would rather die than accept life in a brutal, primitive world. It is to those that we need to look for the repair of the world. But those individuals need to be gathered together ; they are rather isolated.

(...) It is not these sensitive ones that become models for society, but rather the psychopaths and semi-psychopaths, because they are strong, they don't consider others, and they don't have any inhibitions »[100].

La solution :  les parents doivent cultiver les sentiments moraux chez leur enfant

Selon le psychiatre Kazimierz Dabrowski, un développement de la personnalité caractérisé par une pauvreté émotionnelle et un manque d'empathie conduit une personne proche de la psychopathie. Il affirme :

« An example of one-sided development, with emotional poverty and, at the same time, with an excess of cleverness and adjustment. Such one-sided development brings an individual close to a type of psychopathy. However such individuals are usually, in everyday life, taken as p symbols of health, though, on the contrary, they lack the symptoms of many-sided development and show emotional primitiveness and absence of authentic attitudes toward others »[101].

Cultiver la sensibilité morale chez un enfant en lui offrant un lien d’attachement sécure et la disponibilité émotionnelle et l’empathie qu'il a besoin pour developer adéquatement sa conscience morale est essentielle à son éducation morale, car comme le mentionne Rousseau « l’attrait de la vie domestique est le meilleur contre-poison des mauvaises mœurs ». Le psychologue Ross A. Thompson affirme :

« Conscience development is influenced by temperament (especially the growth of effortful control) and the quality of the parent–child relationship. The development of warm, responsive relationships with caregivers is believed to motivate young children to respond cooperatively and positively to the caregivers’ socialization initiatives. This conclusion is consistent with attachment theory, which argues that secure attachments are important for early socialization and the development of sensitivity to others’ feelings. In several studies, measures of this mutually responsive relationship—including assessments of maternal responsiveness and shared positive affect between parent and child—have been found to predict multiple measures of conscience throughout the preschool years and into middle childhood. A secure parent –child attachment is also associated with enhanced conscience development (…) Young children obviously have far to go in the development of ethical judgment, compassion, and moral character. But the developmental achievements of early childhood should not be overlooked as a basis for later achievements in moral development »[102].

Cecci est particulièrement important pour les garçons. En effet, selon le psychiatre Dr. Sebastian Kraemer, les garçons sont biologiquement plus fragiles et vulnérables que les filles. Or il existe dans nos sociétés modernes un stéréotype selon lequel les garçons sont plus résistants et résilients que les filles. Il est d'avis que cette attitude ajoute à la fragilité biologique déjà plus grande des garcons une fragilité sociale aggravant ainsi leur situation. En conséquence, chez les garçons la formation d'un lien d'attachement sécure et significatif est, en raison de ce stéréotype, plus sujet que chez les filles à un manque de disponibilité émotionnelle et à l'insensibilité des parents. Il affirme :

« The human male is, on most measures, more vulnerable than the female. Part of the explanation is the biological fragility of the male fetus, which is little understood and not widely known. A typical attitude to boys is that they are, or must be made, more resilient than girls. This adds “social insult to biological injury.” (...) It is clear that the male is more vulnerable from the beginning of life. Where caregivers assume that from birth a boy ought always to be tougher than a girl, his inborn disadvantage will be amplified (...) The data presented here have implications for the upbringing of boys. The more developmental problems there are, the more sensitive care is required. Yet difficult babies often receive less good care, precisely because they are more difficult to look after. Biological and social constraints work together against the interests of the male. If parents were more aware of male sensitivity, they might change the way they treat their sons (...) In boys the formation of secure attachment to a caregiver is more subject than in girls to parental unavailability, insensitivity, or depression »[103].

Si les observations du psychiatre Dr. Sebastian Kraemer s’avèrent exactes, à savoir que chez les garcons la formation d'un lien d'attachement sécure et significatif est plus sujet que chez les filles à un manque de disponibilité émotionnelle et à l'insensibilité des parents alors ce facteur joue clairement contre le développement moral des garçons. Bien sur, ce facteur n’explique peut-être pas à lui seul la différence de moralité entre les hommes et les femmes[104] et le fait que les hommes sont en moyenne plus violents que les femmes. Cependant, comme le mentionne le Dr. Kraemer, si les parents étaient plus conscients de la sensibilité des garçons, de leur fragilité et de leur vulnérabilité biologique et qu’ils changeaient leur attitude et la manière de les traiter en leur donnant davantage l’affection, la tendresse et la disponibilité émotionnelle qu’ils ont besoin pour developer adéquatement leur conscience morale sans chercher à répondre aux stérotypes de la société et à l’archétype sociétal de l’homme insensible, alors on pourrait certainement espérer poindre à l’horizon un changement important de société.

Évidemment, pour arriver à cultiver la sensibilité morale chez leur enfant, les parents doivent avant tout la cultiver en eux-mêmes afin de de devenir des modèles pour leur enfant. En effet, dans une étude de 2015, les auteurs Jason M. Cowell et Jean Decety de l’Université de Chicago sont d’avis que la sensibilité morale des parents (l’empathie et la justice) influence le développement moral de leur enfant :

« Parents: Do you want to raise a child with a strong sense of right and wrong? You might want to start by cultivating your own morality—as well as your own empathy. A new study from the University of Chicago suggests that parents’ sensitivity to both other people’s feelings and to injustice may influence early moral development in their children »[105].


Éric Folot




[1] Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, Paris, Éditions Gallimard, 1965 aux pp.74-77.
[2] Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 aux pp.376-377.
[3] Jean-Jacques Rousseau, Les rêveries du promeneur solitaire, Éditions Flammarion, Paris, 1964 à la p.80.
[4] David Hume, Hume's Treatise of Morals: And Selections from the Treatise of the Passions, vol.1, Ginn & Company, 1893 aux pp.102, 115-116.
[5] Gandhi, Tous les hommes sont frères : vie et pensées du Mahatma Gandhi d’après ses œuvres, Éditions Gallimard, Commission Française pour l’UNESCO, 1969 à la p.276.
[6] Frans de Waal, "Morality and the social instincts : continuity with the other primates", The Tanner lectures of human values, Princeton University, November 19-20, 2003 à la p.32.
[7] Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, Paris, Éditions Gallimard, 1965 aux pp.74-77.
[8] David Hume, Hume's Treatise of Morals: And Selections from the Treatise of the Passions, vol.1, Book III, Part I, section I, Ginn & Company, 1893 aux pp.100-.
[9] Adam Smith affirme : « How selfish soever man may be supposed, there are evidently some principles in his nature, which interest him in the fortune of others, and render their happiness necessary to him, though he derives nothing from it except the pleasure of seeing it. Of this kind is pity or compassion, the emotion which we feel for the misery of others, when we either see it, or are made to conceive it in a very lively manner. That we often derive sorrow from the sorrow of others, is a matter of fact too obvious to require any instances to prove it; for this sentiment, like all the other original passions of human nature, is by no means confined to the virtuous and humane, though they perhaps may feel it with the most exquisite sensibility. The greatest ruffian, the most hardened violator of the laws of society, is not altogether without it » : Adam Smith, The theory of moral sentiments, Cambridge, Cambridge University Press, 2002 part I, section I, chap.I, para.1.
[10] Selon Arthur Schopenhauer, la pitié est « l'unique source des actions moralement bonnes » : Arthur Schopenhauer, Le fondement de la morale, trad. par A. Burdeau, Paris, Aubier-Montaigne, 1978 aux pp.119 et 147.
[11] Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, Paris, Éditions Gallimard, 1965 aux pp.74-77.
[12] Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, Éditions Gallimard, 1965 à la p.76.
[13] Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Paris, Garnier-Flammarion, 1966 à la p.305.
[14] Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 aux pp.376-377.
[15] Jean-Jacques Rousseau, Les rêveries du promeneur solitaire, Éditions Flammarion, Paris, 1964 à la p.80.
[16] Arthur Schopenhauer, Le Fondement de la morale, trad. par A. Burdeau, Aubier-Montaigne, 1978 à la p.162.
[17] Emmanuel Kant, Leçons d'éthique, trad. par Luc Langlois, Paris, Librairie générale française, 1997 à la p.14 ; Eric Volant, Des morales : crises et impératifs, Montréal, Les Éditions Paulines, 1985 à la p.104.
[18] David Hume, « To the Rev. Hugh Blair » in The Letters of David Hume: 1766-1776, vol. II, ed. J.Y.T. Greig, Oxford University Press, 2011 à la p.29 ; Bertrand Russell, The History of Western philosophy, New York, Simon and Schuster, 1945 à la p.691.
[19] Charles Darwin, The descent of man, and selection in relation to sex, vol.1, New York, D. Appleton and company, 1872 aux pp.161-162.
[20] Gandhi, Tous les hommes sont frères : vie et pensées du Mahatma Gandhi d’après ses œuvres, Éditions Gallimard, Commission Française pour l’UNESCO, 1969 à la p.276.
[21] Frans de Waal, Good natured : The origins of Right and Wrong in humans and other animals,
Cambridge, Harvard University Press, 1996 à la p.5.
[22] Paul Bloom, Just Babies: The Origins of Good and Evil, New York, Crown publisher, 2013.
[23] Paul Bloom, Just Babies: The Origins of Good and Evil, New York, Crown publisher, 2013.
[24] Paul Bloom affirme : « Our natural endowments include: • a moral sense—some capacity to distinguish between kind and cruel actions • empathy and compassion—suffering at the pain of those around us and the wish to make this pain go away • a rudimentary sense of fairness—a tendency to favor equal divisions of resources • a rudimentary sense of justice—a desire to see good actions rewarded and bad actions punished. Our innate goodness is limited, however (...) » : Paul Bloom, Just Babies: The Origins of Good and Evil, New York, Crown publisher, 2013.
[25] Susan Chun, « Are we born with a moral core? The baby lab says 'Yes' » (February 14, 2014), en ligne : http://www.cnn.com/2014/02/12/us/baby-lab-morals-ac360/
[26] Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 à la p.77.
[27] Robert D. Hare, Without Conscience: The Disturbing World of the Psychopaths Among Us, Guilford Press, 1999 aux pp.xi, 6 et 49-50.
[28] Robert D. Hare, Without Conscience: The Disturbing World of the Psychopaths Among Us, Guilford Press, 1999 à la p.143.
[29] Paul Bloom, Just Babies: The Origins of Good and Evil, New York, Crown publisher, 2013.
[30] David Hume, Hume's Treatise of Morals: And Selections from the Treatise of the Passions, vol.1, Ginn & Company, 1893 à la p.89.
[31] Bertrand Russell, Human society in ethics and politics, London, George Allen & Unwin Ltd, 1954.
[32] Noam Chomsky, Chomsky on Democracy and Education, Psychology Press, 2003 à la p.176.
[33] Jonathan Haidt, « The emotional dog and its rational tail : a social intuitionist approach to moral judgment » (2001) 108:4 Psychological Review 814 à la p.830, en ligne : http://www3.nd.edu/~wcarbona/Haidt 2001.pdf
[34] Peter Singer, Questions d'éthique pratique, trad. par Max Marcuzzi, Paris, Bayard Éditions, 1997 à la p.77. “man is a rationalizing animal – that he attempts to appear rational, both to others and to himself” : Elliot Aronson, Dissonance Theory: Progress and Problems, in Theories of Cognitive Consistency (1968), pp 5-6 ; Jonathan Haidt, « The emotional dog and its rational tail : a social intuitionist approach to moral judgment » (2001) 108:4 Psychological Review 814 à la p.823, en ligne : http://www3.nd.edu/~wcarbona/Haidt 2001.pdf
[35] Adam Smith, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, trad. par Germain Garnier, t.1, Paris, Flammarion, 1991 à la p.506 (III, IV). Voir aussi Noam Chomsky, Profit over people : neoliberalism and global order, New York, Seven Stories Press, 1999 à la p.52 ; Noam Chomsky, The prosperous few and the restless many, Berkeley, Odonian Press, 1993 à la p.70.
[36] Arthur Schopenhauer, Le fondement de la morale, trad. par A. Burdeau, Paris, Aubier-Montaigne, 1978 à la p.50.
[37] David Hume, Hume's Treatise of Morals: And Selections from the Treatise of the Passions, vol.1, Ginn & Company, 1893 aux pp.89-90.
[38] Alison Flood, « Ayn Rand fan spells out appreciation in world's largest book ad » (August 23, 2010), The Guardian, en ligne : https://www.theguardian.com/books/2010/aug/23/ayn-rand-world-largest-book-ad
[39] « ethical egoism (rational self-interest) » : Stanford Encyclopedia of philosophy, « Ayn Rand », en ligne : https://plato.stanford.edu/entries/ayn-rand/
[40] Le philosophe J. B. Schneewind affirmait au sujet de la philosophie d'Henry Sidgwick: « It finds ethical egoism as reasonable as utilitarianism » : J. B. Schneewind, « Sidgwick and the Cambridge moralists » in Bart Schultz, Essays on Henry Sidgwick, Cambridge University Press, 2002 à la p.94.
[41] Matthieu Ricard, "Le bon modèle pour une grande nation?" (28 octobre 2012), en ligne : http://www.matthieuricard.org/blog/posts/le-bon-modele-pour-une-grande-nation. Voir aussi Mike Wallace interviews Ayn Rand (1959) (full interview) (voir de 5 min. 20s à 5 min. 50s), en ligne : https://www.youtube.com/watch?v=HKd0ToQD00o
[42] Matthieu Ricard, "Le bon modèle pour une grande nation?" (28 octobre 2012), en ligne : http://www.matthieuricard.org/blog/posts/le-bon-modele-pour-une-grande-nation. Voir aussi Del Jones, " Scandals lead execs to 'Atlas Shrugged'", USA Today, en ligne : http://usatoday30.usatoday.com/money/companies/management/2002-09-23-ayn-rand_x.htm
[43] John Rawls, Théorie de la justice, trad. par Catherine Audard, Paris, Éditions du Seuil, 1997 à la p.75 (chap.9).
[44] J.J.C. Smart, « Utilitarianism » in Encyclopedia of philosophy, 2nd edition à la p.606, en ligne : https://www.uta.edu/philosophy/faculty/burgess-jackson/Smart, Utilitarianism (1967).pdf . Voir aussi Thomas Nagel, « You can't learn about morality from brain scans : the problem with moral psychology » (November 1, 2013) New Republic, en ligne : https://newrepublic.com/article/115279/joshua-greenes-moral-tribes-reviewed-thomas-nagel
[45] Albert Camus, L'homme révolté, Paris, Éditions Gallimard, 1951 à la p.13. Voir aussi Thomas de Koninck, De la dignité humaine, Paris, P.U.F., 1995 aux pp.1-2.
[46] Denise Cummins, « Why Paul Bloom is wrong about empathy and morality » (october 20, 2013), en ligne : https://www.psychologytoday.com/blog/good-thinking/201310/why-paul-bloom-is-wrong-about-empathy-and-morality

[47] Ernest Partridge, « Evil as the absence of empathy » (July 26, 2008), en ligne : http://dissidentvoice.org/2008/07/evil-as-the-absence-of-empathy/. Sur ce sujet, voir Simon Baron-Cohen, The Science of Evil: On Empathy and the Origins of Cruelty, Basic Books, 2013 ; Clint Witchalls, « Why a lack of empathy is the root of all evil » (April 4, 2011), en ligne : http://www.independent.co.uk/life-style/health-and-families/features/why-a-lack-of-empathy-is-the-root-of-all-evil-6279239.html

[48] Michael Inwood, « Martin Heidegger : the philosopher who fell for Hitler » (April 12, 2014) The Telegraph, en ligne : http://www.telegraph.co.uk/culture/books/10739165/Martin-Heidegger-the-philosopher-who-fell-for-Hitler.html
[49] Peter Singer, « Animal liberation : all animals are equal » in Louis P. Pojman, The moral life : an introductory reader in ethics and literature, 2nd ed., Oxford, Oxford University Press, 2004 à la p.871.
[50] Thomas Jefferson, « From Thomas Jefferson to Maria Cosway », october 12, 1786, en ligne : http://founders.archives.gov/documents/Jefferson/01-10-02-0309
[51] Thomas Jefferson, « Letter to Peter Carr », August 10, 1787, en ligne : http://www.stephenjaygould.org/ctrl/jefferson_carr.html
[52] « Moral problems are everybody's business » : Cheryl N. Noble and al., « Ethics and experts » (1982) 12:3 The Hasting center report 7 à la p.7.
[53] Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 à la p.535.
[54] Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 à la p.372.
[55] Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 aux pp.378-379.
[56] Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 aux pp.376-377.
[57] Jean-Jacques Rousseau, Les rêveries du promeneur solitaire, Éditions Flammarion, Paris, 1964 à la p.80.
[58] Thomas Jefferson, « Letter to Peter Carr », August 10, 1787, en ligne : http://www.stephenjaygould.org/ctrl/jefferson_carr.html ; Hans Jonas, Le principe responsabilité, trad. par Jean Greisch, Manchecourt, Les Éditions du Cerf, 1998 à la p.169 ; Denise Cummins, « Why Paul Bloom is wrong about empathy and morality » (october 20, 2013), en ligne : https://www.psychologytoday.com/blog/good-thinking/201310/why-paul-bloom-is-wrong-about-empathy-and-morality
[59] Hans Jonas, Le principe responsabilité, trad. par Jean Greisch, Manchecourt, Les Éditions du Cerf, 1998 à la p.169 ; Denise Cummins, « Why Paul Bloom is wrong about empathy and morality » (october 20, 2013), en ligne : https://www.psychologytoday.com/blog/good-thinking/201310/why-paul-bloom-is-wrong-about-empathy-and-morality

[60] Schwartz c. R., [1977] 1 RCS 673.

[61] Article 13 du Code criminel. Voir aussi R. c. Chaulk, [1990] 3 RCS 1303.

[62] Gilbert Ryle, “On Forgetting the Dierence Between Right and Wrong,” in Collected Essays Vol. 2, London, Routledge, 2009, Originally published in A. I. Melden, ed., Essays in Moral Philosophy, Seattle, University of Washington Press.
[63] Sara H. Konrath, Edward H. O'Brien and Courtney Hsing, « Changes in dispositional empathy in American College Students over time : a meta-analysis » (2011) 15:2 Personality and Social Psychology Review 180 en ligne : http://faculty.chicagobooth.edu/eob/edobrien_empathyPSPR.pdf ; Voir aussi « Empathy : College students don't have as much as they used to » (May 27, 2010), en ligne : http://ns.umich.edu/new/releases/7724-empathy-college-students-don-t-have-as-much-as-they-used-to ; Jamil Zaki, « What, me care ? Young are less empathetic » (January 1, 2011) Scientific American, en ligne : http://www.scientificamerican.com/article/what-me-care/
[64] Voir « Narcissistic Personality Disorder » 301.81 (F60.81) dans American psychiatric Association, Diagnostic and statistical manual of mental disorders (DSM V), Fifth Edition, 2015 aux pp.669-.
[65] Jean M. Twenge, Sara Konrath et al., « Egos inflating over time : a cross-temporal Meta-analysis of the narcissistic personality inventory » (2008) 76:4 Journal of Personality 875, en ligne : http://www.joshuadfoster.com/twengekonrathfoster2008ajop.pdf .
[66] Voir « Narcissistic Personality Disorder » 301.81 (F60.81) dans American psychiatric Association, Diagnostic and statistical manual of mental disorders (DSM V), Fifth Edition, 2015 à la p.669.
[67] Delroy L. Paulhus and Daniel N. Jones, « Differentiating the dark triad within the interpersonal circumplex » in L. M. Horowitz & S. Strack, Handbook of interpersonal psychology : theory, research, assessment, and therapeutic interventions, New York, Willey & Sons, 2011 aux pp.249-, en ligne : http://www2.psych.ubc.ca/~dpaulhus/research/DARK_TRIAD/CHAPTERS/Jones&Paulhus_2011_SITAR_ chapter.pdf
[68] Jean M. Twenge and W. Keith Campbell, The Narcissism Epidemic: Living in the Age of Entitlement, Simon and Schuster, 2010 à la p.57.
[69] Cheryl Wetzstein, « Male 'selfies' linked to vanity : research finds men who post more self-portraits are more narcissistic » (January 7, 2015), en ligne : http://www.washingtontimes.com/news/2015/jan/7/male-selfies-linked-to-vanity/
[70] Douglas Quenqua, « Seeing narcissists eveywhere » (August 5, 2013) The New York Time, en ligne : http://www.nytimes.com/2013/08/06/science/seeing-narcissists-everywhere.html?pagewanted=all
[71] Delroy L. Paulhus and Kevin M. Williams, « The dark triad of personality : narcissism, machiavellianism, and psychopathy » (2002) 36 Journal of Research in Personality 556, en ligne : http://members.shaw.ca/ssucur/materials/02_selected_notes/06_tempest/03_PaulhusWilliams.pdf
[72] Linda Kreger Silverman, « Inside-out : understanding the social and emotional needs of gifted children » (november 26, 2005) à la p.11, The Institute for the study of advanced development : gifted development center/visual-spatial resource, en ligne : http://www.pegy.org.uk/Inside-Out PEGY pdf.pdf
[73] Deirdre V. Lovecky, Different Minds : gifted children with AD/HD, Asperger Syndrome, and other learning deficits, London, Jessica Kingsley Publishers, 2004 aux pp.380-381.
[74] Robert D. Hare, Without Conscience: The Disturbing World of the Psychopaths Among Us, Guilford Press, 1999 à la p.177. Voir aussi Kevin Dutton, The Wisdom of Psychopaths : What Saints, Spies, and Serial Killers Can Teach Us About Success, Farrar, Straus and Giroux, 2012.
[75] The Vancouver Sun, « Society encourages psychopaths : expert » (April 2, 2008), en ligne : http://www.canada.com/vancouversun/news/story.html?id=a19bc454-4d01-4262-bdf8-5141618483b9
[76] « Agreeableness is usually defined as a behavioural disposition that contrasts a prosocial, communal orientation towards others with an antagonistic attitude. However, some of the best markers of agreeableness refer to emotional dispositions towards other people (e.g., affectionate, soft-heartedversus cold; John and Srivastava 1999); and empirically, agreeableness has been found to correlate negatively with trait anger (agreeable people are less anger-prone; e.g., Kuppens 2005) and positively with the tendency to experience empathic emotions (i.e., emotional reactions to the fate of others; Del Barrio, Aluja and García 2004). In addition, agreeable persons seem to try harder than non-agreeable persons to control the expression of negative emotions » : Rainer Reisenzein and Hannelore Weber, « Personality and emotion » (chapter 4, part I) in Philip J. Corr and Gerald Matthews, ed., The Cambridge Handbook of personality psychology, Cambridge, Cambridge University Press, 2009  à la p.60. Voir aussi Timothy A. Judge, Beth A. Livingston and Charlice Hurst, « Do nice guys, and gals, really finish last ? The joint effects of sex and agreeableness on income » (2012) 102:2  Journal of personality and social psychology 390 à la p.391.
[77]  Timothy A. Judge, Beth A. Livingston and Charlice Hurst, « Do nice guys, and gals, really finish last ? The joint effects of sex and agreeableness on income » (2012) 102:2  Journal of personality and social psychology 390 ; Daniel Spurk and Andrea E. Abele, « Who earns more and why ? A multiple mediation model from personality to salary » (2011) 26:1 Journal of business and psychology 87- ; Thomas W. H. NG and al., « Predictors of objective and subjective career success : a meta-analysis » (2005) 58:2 Personnel Psychology 367.
[78] Richard Allen Greene, « Nice guys earn less, study finds » (August 31, 2011) CNN, en ligne : http://edition.cnn.com/2011/BUSINESS/08/16/money.and.meanness/ ; Big think editors, « Nice guys earn less money » BigThink.com, en ligne : http://bigthink.com/ideafeed/nice-guys-earn-less-money
[79] « We will concentrate here on individuals’ objective career success  defined by annual salary  because it is one of the most frequent measures of objective success and because salary is one key facet in occupational life » : Daniel Spurk and Andrea E. Abele, « Who earns more and why ? A multiple mediation model from personality to salary » (2011) 26:1 Journal of business and psychology 87 à la p.87.
[80] Shannon Chapla, « Research shows men get ahead for being "disagreeable" in the workplace, women don't » (August 3, 2011), en ligne : https://news.nd.edu/news/25367-men-earn-a-premium-for-being-disagreeable-in-the-workplace-women-dont-says-new-research/
[81] « Overall, our research provides strong evidence that men earn a substantial premium for being disagreeable » : Timothy A. Judge, Beth A. Livingston and Charlice Hurst, « Do nice guys, and gals, really finish last ? The joint effects of sex and agreeableness on income » (2012) 102:2  Journal of personality and social psychology 390 à la p.404.
[82] « Results provided support for the assumptions that narcissism and Machiavellianism are positively related to objective career success (i.e., salary and status, respectively) » : Daniel Spurk, Anita C. Keller and Andreas Hirschi, « Do bad guys get ahead or fall behind ? Relationships of the dark triad of personality with objective and subjective career success » (October 5, 2015) Social psychological and personality science, en ligne : https://www.researchgate.net/profile/Daniel_Spurk/publication/281678953_Do_Bad_Guys_Get_Ahead_or_Fall_Behind_Relationships_of_the_Dark_Triad_of_Personality_With_Objective_and_Subjective_Career_Success/links/5613759508aea9fb51c2c98e.pdf
[83] Timothy A. Judge, Beth A. Livingston and Charlice Hurst, « Do nice guys, and gals, really finish last ? The joint effects of sex and agreeableness on income » (2012) 102:2  Journal of personality and social psychology 390 à la p.391 ; Karen J. Derefinko, « Convergence and divergence among self-report psychopathy measures : a personality-based approach » (2006) 20:3 Journal of personality disorders 261.
[84] « Psychopaths are social predators who charm, manipulate, and ruthlessly plow their way through life, leaving a broad trail of broken hearts, shattered expectations, and empty wallets. Completely lacking in conscience and in feelings for others, they selfishly take what they want and do as they please, violating social norms and expectations without the slightest sense of guilt or regret Robert D. Hare, Without Conscience: The Disturbing World of the Psychopaths Among Us, Guilford Press, 1999 aux pp.xi, 6 et 49-50. « Psychopathy is a disorder of brain and behavior, the central characteristic of which is the complete absence of conscience » : Martha Stout, « In praise of empty souls : can we learn from psychopaths ? » (December 14, 2012) New Republic en ligne : https://newrepublic.com/article/111087/wisdom-of-psychopaths-kevin-dutton
[85] Paul Babiak and Robert D. Hare, Snakes in suits : when psychopaths go to work, Harper Collins, 2009 à la p.x. Voir aussi Kevin Dutton, The Wisdom of Psychopaths : What Saints, Spies, and Serial Killers Can Teach Us About Success, Farrar, Straus and Giroux, 2012 ; Scott O. Lillienfeld and Ashley Watts, « Not all psychopaths are criminal : some psychopathic traits are actually linked to success » (January 26, 2016), en ligne : https://theconversation.com/not-all-psychopaths-are-criminals-some-psychopathic-traits-are-actually-linked-to-success-51282
[86] « Overall, the patterns of correlations and plots suggest that psychopathy is more strongly associated with style than with substance. Presumably, impression management and the ability to present well can obscure or trump subpar performance and behaviors that are damaging to the organization » : Paul Babiak, Craig S. Neumann and Robert D. Hare, « Corporate psychopathy : talking the walk » (2010) 28 Behavioral Sciences and the Law 174 à la p.192.
[87] Robert D. Hare, Without Conscience: The Disturbing World of the Psychopaths Among Us, Guilford Press, 1999 aux pp.xi, 6 et 49-50. « Psychopathy is a disorder of brain and behavior, the central characteristic of which is the complete absence of conscience » : Martha Stout, « In praise of empty souls : can we learn from psychopaths ? » (December 14, 2012) New Republic en ligne : https://newrepublic.com/article/111087/wisdom-of-psychopaths-kevin-dutton
[88] Martha Stout, « In praise of empty souls : can we learn from psychopaths ? » (December 14, 2012) New Republic en ligne : https://newrepublic.com/article/111087/wisdom-of-psychopaths-kevin-dutton
[89] Kevin Dutton, The Wisdom of Psychopaths : What Saints, Spies, and Serial Killers Can Teach Us About Success, Farrar, Straus and Giroux, 2012.
[90]  Martha Stout, « In praise of empty souls : can we learn from psychopaths ? » (December 14, 2012) New Republic en ligne : https://newrepublic.com/article/111087/wisdom-of-psychopaths-kevin-dutton
[91] Martha Stout, « In praise of empty souls : can we learn from psychopaths ? » (December 14, 2012) New Republic en ligne : https://newrepublic.com/article/111087/wisdom-of-psychopaths-kevin-dutton
[92] Robert Joseph Smith, The psychopath in society, New York, Academic Press, 1978 à la p.115.
[93] Charles Derber, Sociopathic Society: A People's Sociology of the United States, Paradigm Publishers, 2013 aux pp.3-6.
[94] George K. Simon, In sheep's clothing : understanding and dealing with manipulative people, Parkhurst Brothers, 2010 1996 à la p.16.
[95] George K. Simon, In sheep's clothing : understanding and dealing with manipulative people, Parkhurst Brothers, 2010 1996 à la p.11.
[96] George K. Simon, In sheep's clothing : understanding and dealing with manipulative people, Parkhurst Brothers, 2010 1996 à la p.11.
[97] George K. Simon, In sheep's clothing : understanding and dealing with manipulative people, Parkhurst Brothers, 2010 1996 à la p.17.
[98] « The heroism of sensitivity : an interview with Kazimierz Dabrowski » (January 1994) 6 Advanced Development Journal aux pp.87-90, en ligne : http://positivedisintegration.com/Dabrowski1994.pdf ; Kazimierz Dabrowski, Positive Desintegration, Boston, Little Brown and company, 1964 aux pp.80-81.
[99] « The heroism of sensitivity : an interview with Kazimierz Dabrowski » (January 1994) 6 Advanced Development Journal aux pp.87-90, en ligne : http://positivedisintegration.com/Dabrowski1994.pdf ; Kazimierz Dabrowski, Positive Desintegration, Boston, Little Brown and company, 1964 aux pp.73-74, 80, 121-122.
[100] « The heroism of sensitivity : an interview with Kazimierz Dabrowski » (January 1994) 6 Advanced Development Journal aux pp.87-90, en ligne : http://positivedisintegration.com/Dabrowski1994.pdf
[101] Kazimierz Dabrowski, The dynamics of concepts, Gryf Publications Ltd., 1973 à la p.177.
[102] Ross A. Thompson, « Whither the preconventional child ? Toward a life-span moral development theory » (2012) 6 :4 Child Development Perspectives 423, en ligne : https://www.researchgate.net/publication/261533333_Whither_the_Preconventional_Child_Toward_a_Life-Span_Moral_Development_Theory
[103] Sebastian Kraemer, « The fragile man » (december 2000) 321 British Medical Journal 1609, en ligne : http://www.sebastiankraemer.com/docs/Kraemer the fragile male.pdf
[104] Les hommes sont, selon Scientific American, en moyenne moins moral que les femmes : Cindi May, « When men are less moral than women » (June 19, 2012) Scientific American, en ligne : http://www.scientificamerican.com/article/when-men-are-less-moral-than-woman/
[105] Jill Suttie, « How parents influence early moral development » (September 29, 2015), en ligne : http://greatergood.berkeley.edu/article/item/how_parents_influence_early_moral_development . L’étude en question : Jason M. Cowell and Jean Decety, « Precursors to morality in development as a complex interplay between neural, socioenvironmental, and behavioral facets » (October 13, 2015) 112:41 Psychological and cognitive sciences 12657, en ligne : http://www.pnas.org/content/112/41/12657.full.pdf